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Au commencement (suite 4)



Je ne suis pas le premier et je ne serais pas le dernier à dire que la musique accompagne étroitement les parcours de vie, avec ses joies et ses peines. Elle est souvent le reflet de tous ces moments qui composent une existence et le marqueur d’évènements. Qui n’associe pas des chansons, des disques à des moments passés ? Heureux ou au contraire bien tristes. La musique est en ce sens un formidable révélateur du passé, avec son lot d’émotions et de sensations. Il n’est pas étonnant que les chercheurs de tout poil s’intéressent à ce phénomène, où les musiques peuvent faire remonter à la surface les souvenirs enfouis au plus profond de notre mémoire. Des études en ce sens sont développées notamment avec les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres formes de démences. Un art pour stimuler sensoriellement. Les scientifiques expliquent aussi que la musique, plus que tout autre art, fixe les souvenirs justement, dans notre mémoire émotionnelle et permet ainsi de créer des repères, des jalons. Nous fonctionnons tous ainsi, et je n’échappe pas à la règle. Certains disques, et certains morceaux me renvoient directement dans mon histoire et son déroulement. Pour les "romances" c’est donc aussi, bien entendu, la même chose. Après tout il s’agit aussi de souvenirs plus ou moins obscurs, diversement enterrés, ensevelis, dans les limbes de notre esprit.


Je vous avais laissé, précédemment, avec mes différents passeurs, qui avaient chacun à leur façon œuvrer à me nourrir de connaissances. Je vous avais évoqué Nono, Jérémy, David G bien sûr, David D, Mimile, Lionel, mon frérot… Chacun avait participé à la construction de mon socle culturel et avait contribué à me faire découvrir des artistes ou des groupes qui continuent aujourd’hui encore à m’obnubiler. Les rencontres je vous l’ai déjà fait savoir, peuvent être destinales.

On le sait donc, la musique a la capacité de déclencher des souvenirs et des émotions intenses, et elle peut donc rappeler des souvenirs d'amour de manière très puissante.

Notre cerveau est capable d'associer des expériences, des personnes et des émotions avec des sons et des mélodies spécifiques.

Ainsi, lorsque nous entendons une chanson que nous avons écoutée pendant une période particulièrement heureuse de notre vie, notre cerveau peut immédiatement nous ramener à ces moments de bonheur, y compris les moments d'amour.

Les paroles aussi de certaines chansons sont souvent associées à des sentiments d'amour et de romantisme, et peuvent donc rappeler des souvenirs liés à des expériences amoureuses passées. Les mots d'une chanson peuvent également évoquer des souvenirs liés à une personne spécifique, qui était importante dans notre vie. Et enfin les sensations physiques que l'on éprouve à l'écoute de la musique et de certaines mélodies peuvent déclencher des sensations physiques, comme la montée d'émotions, la libération de dopamine, une accélération du rythme cardiaque et des frissons. Ces sensations peuvent être liées à des

moments d'amour intense, rappelant ainsi des souvenirs amoureux.


Le premier souvenir qui me revient immédiatement vient tout droit de mon année en seconde, la découverte du lycée. Ce fût, l’énorme mensonge livré à une petite amie que j’avais alors. La bêtise n’a pas de limite quand on se sent amoureux, et j’en ris, avec tout de même, une pointe de gêne désormais. J’écoutais en boucle The Essence et leur "A Monument Of Trust", un des titres de l’album "The Waves Of Death" me remplissait d’émoi et de spleen. Il m’accompagnait régulièrement dans mes heures de solitude où j’étais submergé par la douleur de ne pas pouvoir être avec la personne aimée (c’était le début des expérimentations). Sa ligne de piano et son chant aérien m’envoutaient et semblaient atténuer ma souffrance de jeune adolescent. J’avais fait croire à cette jeune fille que ce morceau était une composition du groupe dans lequel je jouais alors. Je ne sais pas si elle avait gobé le truc, mais moi je m’étais presque persuadé. Le début d'une mythomanie, qui grâce à dieu m’a quitté rapidement. Chaque fois que je me le remets, je pense à ce bobard fort de café et éprouve quand même une certaine honte.


Plutôt, au collège, j’avais une copine qui ne voyait que par Daniel Balavoine et Jean Jacques Goldman. Je me rappelle de l’avoir seriné sans sous l’heure, avec "Arena" de Duran Duran que ma mère m’avait offert en cassette en lui expliquant qu’il s’agissait du meilleur groupe du monde, et qu’elle ferait bien de s’y mettre. "The Chauffeur" ou "Save a prayer" valaient bien "L’Aziza" ou "Encore un matin", "Envole-moi" et "Je marche seul". Elle n’y a jamais cru. J’avais essayé aussi avec Tears For Fears et The Cure (en pleine "Curemania" à l'époque), mais rien à faire.

Pour revenir au lycée, je pense à cette fille, dont je tomberai éperdument amoureux en fin d’année, le temps d’une soirée, et à laquelle j’avais vendu toutes mes cassettes de New Wave que je jugeais trop mainstream, comme le "Black Celebration" de Depeche Mode, tout ça pour acheter des clopes.

Je pense à celle aussi, qui commença à me dire qu’il fallait que je sorte un peu de ma chambre et que j’aille voir des concerts, car il se passait quelques trucs autour de moi. Elle me fascinait par son autonomie déjà et son émancipation. Elle sortait tous les week-ends tandis que moi je restais dans ma piaule, cloisonné, le nez dans mes disques. Je pense à celle à qui j’avais vendu "Black Celebration" encore et qui me plongea dans Art Of Noise, ce fameux soir, et leur fabuleux "Moments in love", dont j’eus du mal à me défaire pendant longtemps et BO à jamais de ces instants passionnés. Dans la foulée j’avais acheté toute la discographie du groupe sortie jusque-là en vinyl.

Je pense aussi en regardant mes disques à celle qui m’accompagna un moment, et qui m’acheta un grand nombre de disques lors de ses escapades parisiennes. Mimile était un bon copain à elle, et il devait lui avoir filer de bon plan de disquaires sur la capitale. Elle montait sur Paname pour bosser, en travail saisonnier, dans une banque. Et du coup elle revenait avec des skeuds. C’était adorable. Elle a contribué indéniablement à l’émergence de ma collection. C’est elle qui me ramena les premiers Saints, le "Fun House" des Stooges, le "Marquee Moon" de Television, le "London Calling" des Clash, le "Back in the USA" de MC5 ou une compile de chez ROIR de Thunders… Tout ça n’était pourtant pas sa tasse de thé, mais elle le faisait dans l’idée de me faire plaisir. Elle, était, davantage portée sur la scène alternative française, type Les Satellites, les Négresses Vertes, la Mano. D’ailleurs nous avions eu l’occasion d’aller voir quelques concerts ensemble. Elle était fan de Mickey Rourke, et avait vu "9 semaines et demi" des centaines de fois. Elle m’amena voir des gens comme Arthur H, Sappho ou Jean Guidoni, pour lesquels je n’avais pas vraiment d’intérêt et que d’ailleurs je méconnaissais. Je l’en remercie bien sûr à postériori. Elle me sortait de "ma zone de confort" et c’était cool. C’est vrai que je peux dire que je connais, en sortant un disque de ma collection, son histoire. D’où il vient, qui l’a acheté, quand, comment, dans quelle condition. C’est aussi ça la musique, une collection. C’est la vie qui défile…


Plus tard, jeune adulte, je rencontrerai une jeune femme qui avait aussi des goûts très affirmés. C’était une période fabuleuse où j’étais en quête permanente de nouveaux horizons sonores. Le Rap explosait, Oasis et Blur occupaient la presse, Soundgarden et Pearl Jam enterraient le Grunge, et moi j'écoutais Bad Religion ou les Meat Puppets en boucle. Elle trouvait que j’étais tout de même beaucoup trop branché sur des choses de l’ancien monde. Elle n’adhérait pas véritablement à ce que j’écoutais. Gun Club, les Saints, That Petrol Emotion, Cure, tout ça lui paraissait vieillot. Les Smiths il ne fallait pas en parler, c’était un souvenir douloureux pour elle, et par contre elle vouait un culte pour les Floyd, notamment l’album "Animals"… C’était son seul intérêt pour un groupe du passé. Elle était davantage dans l’actualité. Elle aimait Beck, et m’avait initié à PJ Harvey. Elle écoutait My Bloody Valentine, et m’avait fait découvrir les Feelies et Morphine. Elle avait beaucoup d’attrait pour la musique électronique et le Rap également, et cela m’élargissait indéniablement le champ des possibles. Nous allions voir de nombreux concerts, et c’est par son intermédiaire que je fis la connaissance d’un de mes plus grands passeurs, Manu.


L’histoire est aujourd’hui encore en marche, plus que jamais. Et ma femme, désormais, m’accompagne dans mon cheminement, m’encourage et partage mes passions. Elle sait, plus que quiconque, que la musique est mon carburant. C'est ma première auditrice, et je la remercie tant pour sa patience, et son écoute bienfaisante.

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