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Les merveilleux "seconds couteaux" (3) : The Bolshoi...



Rétrospectivement, cela a commencé souvent de la même manière...

En 86 (date cruciale pour moi au demeurant), au hasard (encore) d'une lecture d'une chronique d'Emmanuelle Debaussart dans Best, j'avais repéré celle qu'elle avait consacré à l'album des Bolshoi "Friends". Pour rappel je priorisais toujours la lecture de ses papiers, et de ceux de Georges Daublon. Ma "Rock-critic" préférée, avait comme toujours utilisé les bons mots pour me convaincre. J'avais comme à mon accoutumée consigné ce disque dans mon carnet, celui où je notais scrupuleusement tous les skeuds que je souhaitais me procurer. L'histoire a fait que je suis tombé sur cet album assez tardivement, sur un marché à Pau. Un gars vendait des vinyles. Ses bacs étaient fournis, notamment en New Wave, avec des trucs plus ou moins obscurs. C'est une époque, où le vinyle n'intéressait plus que ceux qui avait toujours connu ça, bien avant la "hype" et où les prix étaient bien plus avantageux. J'en avais pris pas mal au gars, ce Bolshoi donc, mais aussi du Cocteau Twins, du Cindytalk, du Bauhaus, du Red Lorry Yellow Lorry, du The Passage...


Pour resituer, The Bolshoi est un groupe anglais formé en 1984 à Trowbridge pas très loin de Bath, qui a émergé dans la mouvance Post-Punk et New Wave (parfois taxé de Rock Gothique). La formation originale était composée du chanteur et guitariste Trevor Tanner , du batteur Jan Kalicki et du bassiste Graham Cox. Tanner et Kalicki avaient déjà joué ensemble précédemment dans le groupe Moskow, où Trevor se produisait sous le nom de Trevor Flynn (le nom de jeune fille de sa mère). Dans cette configuration il feront leurs premiers concerts en première partie notamment de The Cult ou des Lords Of The New Church. Nick Chown remplace à la basse Graham Cox. Ils sortent enfin un premier single en 85, suivi du 1er Ep "Giants". Ce dernier sera édité par le label Situation Two en Angleterre, et par I.R.S pour les States (le même label d'ailleurs que les Lords, hasard ou coïncidence ?). A noter les covers qui différent selon que l'édition soit anglaise ou américaine.


Leur son se caractérisait par une ambiance mélancolique et sombre, accentuée par la voix grave et expressive du chanteur Trevor Tanner, des guitares aux sonorités éthérées et un usage subtil des claviers. Ils ont souvent été comparés à d'autres groupes britanniques de la "scène gothique" et Post-Punk, comme The Cure, Bauhaus ou Echo & the Bunnymen. Leur musique explore des thèmes tels que l'aliénation, la société moderne, l'amour, et les luttes personnelles. Trevor Tanner, avec sa voix grave et ses textes évocateurs, joue un rôle central dans cette atmosphère. Paul Clark rejoindra la troupe après le déménagement du groupe à Londres et officiera aux claviers.

Giants (1985), leur premier EP, a posé les bases de leur style avec des chansons sombres et introspectives, agrémentés de lignes mélodiques magistrales. Le groupe obtiendra son premier "hit", le formidable "Happy Boy" (très Lords justement). Dans la foulée Beggars Banquet leur proposera un contrat.


L’album Friends (le premier du groupe) quant à lui, est donc sorti en 1986. Il se caractérise par son côté sombre, mêlée cette fois-ci à des éléments Pop plus probants, donc plus accessible.

"A Way" (ou parfois écrit Away) est le titre qui ouvre l'album sur une note résolument dramatique, avec une ligne de basse entraînante et un refrain accrocheur. C'est l'un des morceaux les plus emblématiques de l'album, souvent perçu comme un commentaire sur la recherche de solutions dans un monde incertain. Le rythme tendu et l'utilisation de synthétiseurs placent immédiatement l'auditeur dans l'univers émotionnel et introspectif du groupe. Il deviendra un tube.

En suivant, "Modern Man" plus minimaliste que le titre précédent dénonce la banalité de la vie moderne et l'aliénation qui en découle. Les paroles sont cyniques, avec une touche de noirceur typique de l'époque. Le chant détaché de Tanner et la répétition des motifs musicaux renforcent le sentiment d'une société piégée dans ses propres contradictions.

"Someones Daughter" est un morceau plus lent et contemplatif, presque une ballade, mais toujours teinté de la même atmosphère sombre qui caractérise l'album. La ligne de guitare aérienne et les paroles ambiguës de Tanner laissent entrevoir une recherche d'un lieu de paix ou de réconfort dans un monde chaotique.

"Sunday Morning" a une approche plus directe, ce titre évoque un sentiment de lassitude et de répétition, typique des lendemains mornes. Les sonorités sont légèrement plus lumineuses, avec un refrain qui reste en tête. Le contraste entre la mélodie optimiste et les paroles mélancoliques est un exemple du style unique de The Bolshoi.

"Looking for a Life to Lose" est un des morceaux qui est le plus neurasthéniques de l'album, il explore le thème de l'échec et de la perte d'identité. La mélodie est hypnotique, presque obsédante, et la voix de Tanner semble désespérée, reflétant l'angoisse existentielle qui imprègne beaucoup de morceaux du groupe. "Books on the Bonfire" qui est plus rythmé, traite de la destruction et de la rébellion. Avec ses références à des autodafés, Books on the Bonfire est une critique de la censure et du conformisme. La section rythmique et les guitares dominent ici, créant une ambiance tendue qui souligne le propos du morceau.

"Pardon Me" est un titre qui apparait comme l'un des plus accessibles de l'album, avec un rythme entraînant et des paroles qui semblent s'adresser directement à l'auditeur. Ce morceau est à la fois une confession et une réflexion sur les regrets et les faux-pas dans la vie. "Fat and Jealous"et son approche ironique et sarcastique, traite de l'envie et du ressentiment. Le ton est plus léger, mais toujours avec un arrière-goût amer, typique de l'humour noir de Tanner. La ligne de basse dansante donne au morceau une énergie particulière.


Friends traite principalement des thèmes de l'incertitude et de la quête de sens dans un monde qui semble de plus en plus absurde. Les paroles de Tanner sont souvent "cryptiques", mais elles résonnent avec les angoisses de l’époque : peur de la guerre nucléaire, sentiment de déshumanisation et recherche d’identité. L’album est teinté d’une mélancolie omniprésente, même dans ses moments les plus rythmés.

À sa sortie, visiblement, Friends a reçu des critiques plutôt positives, bien que The Bolshoi n’ait jamais atteint le succès commercial de certains de leurs contemporains. Cependant, l’album est devenu une référence au fil des ans. Il est souvent cité comme l'un des albums majeurs de la scène alternative britannique des années 80, grâce à son style unique et à l’intensité émotionnelle de ses morceaux.


En 87, le groupe sort son deuxième album "Lindy’s Party" et prend une direction bien plus Pop, mêlant des sons plus lumineux avec toujours une pointe de noirceur. On peut le percevoir comme un disque plus abordable (dans sa structure), plus commercial aussi, avec des paroles centrées sur les relations humaines et la nostalgie.


Le groupe se dissout à la fin des années 1980 (88 exactement), suite à des malentendus et des soucis avec leur label, et peut-être une forme de lassitude quant à une reconnaissance qui tardait à arriver.


En 2018 Trevor Tanner et Paul Clark se retrouvent et forment The Bolshoi Brothers. En 2024 Beggars Arkive, label du groupe Beggars Banquet, spécialiste en réédition, sort l'album "Country Life". Ce disque est inédit. En 1988, The Bolshoi avait enregistré ce dernier, qui n’a jamais été "officiellement" publié et qui est resté dans les tiroirs jusque là. Je n'ai pas eu l'occasion de l'écouter.

Beggars Arkive a bien sûr réédité "Friends" et "Lindy's Party" ainsi qu'une compilation "A Way : Best of The Bolshoi " et des coffrets regroupant leurs albums avec des bonus.


Bien que The Bolshoi n'ait jamais atteint le succès commercial à grande échelle (quelques tubes tout de même), ils ont laissé une empreinte durable sur la scène Post-Punk et Gothique des années 1980. Leur musique continue d'exister, notamment à travers des rééditions et des compilations. Leur capacité à mélanger mélodies accrocheuses et atmosphère sombre en fait indéniablement un groupe culte.









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