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Ces labels qui comptent ou qui ont compté (pour moi) : Chicago, la nébuleuse...

Dernière mise à jour : 17 févr. 2022



Touch&Go :

Manu (mon poto dont j’ai déjà parlé et sur lequel je consacrerai quelques lignes dans un futur "Au commencement") me faisait des cassettes, des compilations, vers 94/95. Il aimait ça, à sa façon d’être un "passeur", un prescripteur et je l’en remercierai jamais assez. Il possédait une discothèque hallucinante, et je ne connaissais quasi rien de celle-ci. Sur la première cassette qu’il me conçu, de mémoire, il avait mis des titres de plusieurs groupes issus du label Touch&Go. Il y avait un titre d’Arcwelder, de Jesus Lizard, de Big Black, Tar, Polvo, Slint aussi… C’est aussi sur cette cassette qu’il m’avait mis "Backwash" d’Archers of loaf (voir article sur Alias records), du Chokebore aussi, tiré de "Motionless" (sur Amphetamine Reptile). Bref la compile déménageait sévère, et c’était du son ricain uniquement. Je n’avais jamais entendu parler de tous ces groupes. Et je ne savais pas sur quels labels ils figuraient, aucun d’eux. C’est Manu qui commença à m’initier à ces structures indépendantes et à ces catalogues singuliers. C’est ainsi qu’il me parla de Touch&Go (et de pleins d’autres : Alias, Amphetamine Reptile, Alternative Tentacles, Matador, Drag City, Sub Pop...). Ce label (qui officiait quand même depuis de 1981) aiguisa particulièrement ma curiosité. Manu dans un second temps, me filait des albums des groupes, dont je lui disais que le titre sur la compile m’avait scotché… Il me prêtait les Cds (c’était la grande époque de ce format), et j’écoutais ça sur la longueur. Je crois que l’un des premiers fût "Liar" de Jesus Lizard et je ne sais plus lequel de Big Star "Songs about fucking" peut-être, du Urge Overkill aussi et puis le "Spiderland" de Slint. Il y avait aussi Polvo (de Chapell Hill comme Superchunk, Archers of Loaf et Seam) et ces trois premiers albums magistraux d'abord édités chez Merge records. Tout ça fût une révélation, une véritable révolution, une déflagration, et j’entrouvrais des portes jusqu’alors inaperçues et totalement inconnues. Rapidement je me mis à chercher des disques du label. Ce n’était pas forcément chose aisée. Cette période est pour moi, l’une de celle qui fût la plus prolixe en terme d’apprentissages et de recherches. J’avais Manu, comme mentor, conseiller et j’échangeais avec lui sur les albums que j’arrivai à trouver. Je me rendais dans les disquaires du coin, et dans les fnacs d’Orléans ou Tours (quelque fois Paris). Parfois je tombais sur un disque dans le rayon indé, qui me branchait, j’essayais d’être méthodique. J’avais tant de retard à rattraper, pas beaucoup de sous, mais en bon obsessionnel que je suis, il me fallait tous les catalogues de ces labels, notamment celui de Touch&Go. Je remplissais des carnets (ce que je fais encore) de références, et je rayais ceux que j’arrivais à trouver. Un des premiers Touch&Go que je me suis acheté fût le "Goat" des Jesus Lizard à la fnac d’Orléans. Quelle sauvagerie ! Quel chant, quelle énergie. Une esthétique unique avec toujours comme ligne éditoriale à l’ensemble des groupes estampillés Touch&Go, la tension, la corde raide. Des musiques faîtes de dissonances, de coup d’éclats, et de silence (Slint en est l’illustration parfaite). Je lisais Octopus sur les conseils de Manu toujours et je trouvais tout un tas d’articles sur tous ces groupes. De même pour Magic ! qui venait de débuter son aventure de presse de kiosque (95) et qui était la revue la plus crédible à mes yeux. Dans Octopus notamment, il y avait aussi des références de mail-orders, dont le fameux Sugar&Spice, auprès duquel je fis quelques commandes spécifiquement Touch&Go. Je gagnais en autonomie. Pour l’anecdote, ma bourse ne suivait pas mon désir d’acquérir. A ce moment je travaillais, et je consacrai une grande partie de mon salaire à faire la fête et à acheter des skeuds. Ce n’était tout de même pas suffisant. Mon souhait de tout posséder pour écouter inlassablement en était presque maladif. Tant est si bien que parfois, je piquais les disques carrément. Je l’ai souvent fait dans les fnacs justement (celle d’Orléans). A l’époque ils mettaient juste une étiquette autocollante sur le plastique du Cd, il suffisait de l’arracher et personne ne voyait rien. Je mettais le disque dans mon blouson. La technique était bien rodée, j’achetais un disque et j’en mettais deux ou trois dans le pantalon au niveau de la ceinture ou dans le manteau donc. Je me souviens d’avoir choper le dernier Tar justement "Over and out" en 95, pour ma plus grande joie (quel disque), celui de Seam aussi "Are you driving me crazy ?". C’est aussi à cette période que le "At action park" de Shellac était sorti. Manu m’avait tant parlé de Steve Albini (et de ses précédents projets, Big Black bien sûr mais aussi Rapeman). J’avais acheté cet opus dès sa sortie en France. Encore une perle de furie contenue. J’essayais d’avoir les éditions originales (le label City Slang a souvent pris en licence les albums Touch&Go pour l’Europe). J’avais découvert Girls against boys aussi comme un grand. L’album "Cruise yourself" venait de sortir et en plus ils passaient dans le coin pour la sortie du dit album. C’était un dimanche soir, à la salle Germinal (organisé par Emmetrop), à Bourges, l’occasion d’acheter toute la discographie du groupe et Octopus n°2. Manu y était aussi. Je m’étais commandé aussi des skeuds plus anciens du label comme ceux de Cargo Cult (où on retrouve le guitariste Duane Denison de Jesus Lizard), de Scratch Acid, de Flour, des Laughing Hyenas… Dès lors, à partir de là, je surveillais tout ce que le label pouvait proposer, et j’essayais de me tenir au courant des différentes sorties. Touch&Go c’était un catalogue foisonnant, radical et audacieux. Jusqu’au abords des années 2000, le label symbolise l’indépendance (avec d’autres bien sûr comme Dischord, K…), la créativité aussi et une certaine esthétique sonore. Le rythme des sorties était hallucinant, et tous les mois ils proposaient des nouveautés, il faut dire que l’écurie était fournie. Touch&Go distribuait aussi beaucoup de labels, ce qui en faisait un acteur indépendant incontournable du moment. Pour moi, sans conteste les heures glorieuses du label restent celles entre 1994/2000. Plus tard Touch&Go signa des groupes comme The New Year (ex Bedhead), Black Heart Procession, Dirty Three, Quasi, CocoRosie, TV On the radio, faisant évoluer sa ligne éditoriale quelque peu. Quand je réalisais un fanzine j’avais entrepris de les contacter, mais sans résultats, contrairement à Quarterstick, qui était pourtant une sous division de Touch&Go. Paradoxalement avec le développement du net, le label a perdu de sa superbe, réduisant ses activités (signature de nouvelles signatures, distribution). Vers 2009, son fondateur Corey Rusk a annoncé la mise en veille de la structure et depuis le label se contente de rééditer son back catalogue ou de ressortir des disques de groupes affiliés (Brainiac, For Carnation, Bedhead...). Aujourd’hui encore j’écoute régulièrement les disques du label, et ils occupent une place importante dans mon panthéon personnel. Touch&Go reste un fleuron du Punk, du Rock, du Hardcore, de la noise, du Post-Rock, du Math-Rock à "l’américaine" et a jalonné ces 20 dernières années d’albums qui sont depuis passés à la postérité (ceux de Slint, ceux de Shellac, ceux de Jesus Lizard, ceux de GVSB pour ne citer qu’eux…).




Quarterstick :

En même temps que Touch&Go, il y avait Quarterstick, qui n’était rien d’autre qu’une division. A l’origine je ne sais pas véritablement quelles étaient les intentions des fondateurs de Touch&Go de créer une sous division. C’est vers 90 que l’entité Quarterstick voit le jour avec la signature de Pegboy notamment ou des Volcano Suns… Très vite un catalogue atypique commence à prendre tournure, avec une spécificité plus folk, country, americana, voir blues que la maison mère. Telle était peut-être l’idée au départ. Avec la signature de Calexico, Quarterstick va prendre une ampleur colossale, que l’on connait tous. J’avais contacté le label quand je réalisais mon fanzine avec Manu, et curieusement ils m’avaient répondu. Ils m’envoyaient régulièrement du matériel promo. C’est ainsi que j’ai découvert le premier album de Calexico (initialement sorti chez Hausmusik en Allemagne en 96) : de toute beauté et le début de l’Americana grand public… Plus tôt Manu m’avait aussi initié à Mule et leur espèce de Blues-Punk du tonnerre. J’avais acquis aussi le premier album de Kepone "Ugly dance", sur la foi d’une chronique dithyrambique dans Magic ! Là ça sonnait plus hardcore avec la voix étonnante de Michael Bishop. Manu m’avait également amené sur d’autres registres avec les Rachel’s (de Louisville comme Slint), sorte de super groupe (avec Bob Weston de Shellac, Rachel Grimes, Jason B Noble de Rodan et Shipping News), précurseur du Modern Classic. Les Rachel’s, un groupe de punks qui voulait s’émanciper et qui souhaitait expérimenter de nouvelles formes musicales (ambient, improvisation)… C'était aussi le label de June of 44, là aussi un groupe/collectif avec des membres d’autres projets : Doug Scharin (Him, Codeine, Rex), Jeff Mueller (Rodan, Shipping News). Eux peut être, peut-on les qualifier d'héritiers de Slint, dans une veine Math-Rock teintée de Dub, de séquences Jazzy… J’avais d’ailleurs trouver leurs trois premiers albums dans une solderie pour mon plus grand plaisir. Bien plus tard (Manu avait dû oublié de m’en parler), j’avais découvert Rodan (et après Shipping News) et leur unique album "Rusty". Encore une claque, pour un groupe qui alliait fureur sonore et mélodie mélancolique avec une rare aisance.



Drag City :

Encore un label dont il est impossible de faire le tour en quelques lignes. Drag City contrairement au deux précédents est toujours en activité en 2022, et sort toujours des disques qui font parler d'eux à l'échelle internationale. De mon côté c'est Manu bien sur qui m'a initié à leurs productions. Il me semble que c'est avec l'album éponyme de Palace Brothers, sorti en 94. Il me l'avait offert. Je dois dire que je fus quelque peu déstabilisé à l'écoute de ce disque. Je ne m'attendais pas à ça. Un songwriter déclinant des chansons folk, brinquebalantes et émouvantes. Manu commençait à me faire toucher du doigt ce que l'on a nommé longtemps le Lo-Fi (avec Pavement, Sebadoh, Sammy et tant d'autres) et c'était encore de nouveaux horizons : "I'm a cinematographer"... Et puis il y a eu Silver Jews, au hasard, d'une cassette de Manu encore, avec un titre tiré de son premier album "Starlite walker". Je crois que c'était "New Orleans". Je fus totalement ébloui par les chansons de David Berman (accompagné par Malkmus et Nastanovich de Pavement)... Je ne savais pas encore que quelques années plus tard j'aurai le privilège de l'interviewer et que j'essayerai même de le faire tourner en France, avant de me faire piquer l'idée par des tourneurs peu scrupuleux. Silver Jews, un projet, que j'ai suivi jusqu'à la fin, jusqu'à la mort de Berman (2019), en achetant tous ces albums, et qui constitue une référence à laquelle je suis toujours très attaché. Après difficile de lister tous les disques de ce label dont j'ai pu m'abreuver inlassablement, peut être puis-je citer ceux de Smog et de Bill Callahan, qui m'accompagnent toujours très régulièrement. Ceux de Bonnie Prince Billy bien sur (Will Oldham alias Palace, Palace Brothers, Palace Music...), Gastr Del Sol aussi. A noter le lien singulier de Jim O'Rourke et David Grubbs avec ce label, ils ont en effet développé des labels "affiliés" sur lesquels ils s'évertuent à proposer des galettes qui leur tiennent à cœur : Dexter's Cigar à eux deux, Blue Chopstick pour Grubbs, Moikai pour Rourke... Je pense aussi à King Kong, aux Royal Truxx, à Red Krayola, Edith Frost, David Pajo de Slint (M, Papa M, Aerial M...).



Thrill Jockey :

Je ne sais même plus comment et par quel groupe j'ai appris l'existence de ce label. Se devait être bien sur Manu, sans aucun doute mais avec quel disque ? Je n'arrive pas à m'en souvenir. Je me demande si ce n'était pas avec le deuxième album de Tortoise : "Rhythms, resolutions and clusters". Thrill Jockey a une existence plus récente. C'est Bettina Richards qui monte le truc, en 1992, d'abord sur New York, puis ensuite à Chicago. C'est bien entendu Tortoise et Freakwater aussi qui assureront le développement de la structure. Pas besoin ici de revenir sur l'histoire du label, vous trouverez toutes les infos qu'il vous faut sur la toile, sans difficultés. Non pour moi Thrill Jockey c'est surtout 1996, environ, date à laquelle je suis rentré en contact avec eux. A l'époque j'étais en lien direct avec Bettina. Elle était très accessible, et semblait gérer elle même les affaires (promo, mail-order...). Elle était très sympa et j'échangeais avec elle sur toutes les nouveautés. Elle avait accepté de m'envoyer toutes les sorties pour en parler dans notre fanzine (@game avec Manu). Le soir quand je rentrais, et que j'ouvrais ma boite aux lettres, j'étais très heureux de trouver de temps à autre une enveloppe à bulle orange caractéristique des States, avec l'agraphe parisienne, estampillée Thrill Jockey. J'avais le disque (en Cd) avec une bio du groupe ou de l'artiste et souvent quelques photos. C'était excellent et cela me mettait en forme pour la soirée (et plus). Thrill Jockey est sans doute le label qui symbolise le mieux l'esprit de Chicago et son effervescence, ce que les rock-critics ont nommé "La nébuleuse". Thrill Jockey est un label aventurier, plus volontiers expérimental. Un temps il sera distribué par Touch&Go (dont Bettina s'est d'ailleurs très largement inspirée), jusqu'à une autonomie complète. Jusqu'au milieu des années 2000, j'ai suivi assidûment le développement du label, et je me suis employé à essayer d'évoquer le plus simplement possible des disques pas toujours facile, mais toujours passionnant. Porté par le succès de Tortoise, Thrill Jockey est devenu depuis un énorme label indépendant qui là aussi sort à un rythme effréné une quantité colossale de disques. Tortoise et ses membres, qui officient dans de multiples projets, croisant les genres et les intentions, un sac de noeuds. John McEntire et son Soma Studio, qui enregistre beaucoup d'artistes du label, Doug McCombs dans Brokeback, Pullman, Eleventh Dream Day, John Herndon dans Isotope 217, avec Rob Mazurek, The Eternals, Jeff Parker (impossible de citer tous les projets auxquels il participe)... Je me souviens encore quand je reçu le premier disque de Pullman "Turnstyle & junkpiles", une merveille de musique instrumentale, boisée. Je me souviens avoir consacré un article dans notre fanzine. Je me souviens aussi de cette interview de Doug McCombs pour qu'il présente Brokeback et tous ces autres projets. Et puis aussi quand j'ai eu l'opportunité de faire un entretien avec l'énigmatique Bundy K Brown (ex Tortoise, ex Bastro...) afin qu'il revienne sur Directions et ce fameux disque "Directions in music" (sorti en 96 et peut être le premier disque que Thrill Jockey m'envoya). Je n'arriverai pas énumérer tous les disques, que j'ai eu entre les mains et les oreilles, mais c'était vertigineux et surtout fascinant : A Minor Forest, Sam Prekop, The Sea and Cake, Oval, Matmos, Tortoise bien sur, Chicago Underground Duo, Rob Mazurek, et dernièrement The Human Bell, Mountains.




Southern records :

A l'origine le label est anglais. En 93, ils ouvrent des bureaux à Chicago et se mettent à signer des groupes du cru. Le catalogue devient vite tentaculaire et gigantesque... Je suis rentré en contact avec eux, vers 96 à nouveau, tout comme avec Thrill Jockey. Et là aussi je suis tombé sur une équipe tout à fait sympathique. Ils m'envoyaient les sorties régulièrement avec tout le matériel promotionnel nécessaire. J'avais découvert le label, il me semble avec le premier album de UI (de New York) et j'avais fait un de mes premiers petits articles sur eux dans le n°1 de notre fanzine @game. Par la suite, je n'ai plus arrêté : Karate, Rex, 90 Day Men, Joan Of Arc... Rex reste sans doute (avec UI aussi) le projet qui m'a le plus marqué. Southern était aussi un énorme distributeur. Et j'avoue parfois m'être perdu dans leur catalogue. Dans les années 2000, Southern distribuait Anticon notamment et une multitude d'autres labels. J'ai essayé d'ailleurs de les convaincre de distribuer le mien, mais sans résultats...


Hefty! records :

Dans une moindre mesure, il y a beaucoup d'autres labels de Chicago qui ont jalonné mon parcours musical. Il y a eu Hefty! le label de John Hughes. C'est avec la BO du film "Reach the rock" réalisée par John McEntire (mais on trouve aussi des titres de Polvo, Bundy K. Brown, The Sea and Cake, Dianogah). J'avais décidé de contacter Hughes afin qu'il me fasse passer ses nouveautés. Par ailleurs à l'époque j'avais monté un petit mail-order, et je lui proposais de distribuer Hefty! par cet intermédiaire... John accepta. Il m'envoya ses productions : le premier album de Dianogah (formidable Math-Rock avec deux basses), le premier album de Slicker son propre projet de musique électronique. Mais aussi Savath+Savalas (le projet de Scott Herren de Prefuse73), Telefon Tel Aviv, Retina, Euphone...

Hefty! c'était les années 2000, et c'était une structure qui lorgnait vers des styles variés, de la musique électronique au Post-Rock, de l'IDM au Jazz... A noter la sortie du 3ème album de L'Altra "Different days" en 2005 qui n'a pas connu le même succès que son prédécesseur. En 2009, je demandais à John Hughes de participer au projet "Musique pour Statues-menhirs", j'ai même essayé de le faire venir en live sur Rodez dans le cadre des soirées autour de ce projet (ça ne s'est pas fait il trouvait le cachet pas assez élevé). Depuis j'ai perdu sa trace, et Hefty! semble avoir mis un terme à ses activités.



Ajax records :

De 88 à1999, Tim Adams a géré ce label et surtout ce distributeur indépendant, avec une poignée de salariés. C'était aussi un disquaire, en plein Chicago. Aujourd'hui méconnu, Adams avec Ajax a pourtant marqué son époque. C'est avec l'album de The Mountain Goats "Zopilote machine" que j'ai pour la première fois croisé le nom du label. J'avais lu une chronique dans Octopus, et je m'étais lancé... J'avais trouvé les coordonnées du label dans cette revue, il l'avait en effet référencé dans la liste des mail-orders où l'on pouvait trouver les disques dont ils parlaient. Le disque était superbe, je découvrais le travail de John Darnielle, et ce premier véritable album (édité en Cd, car les précédents étaient en cassette chez Shrimper). Tim m'avait envoyé également son catalogue de distribution qui était géantissime. Dès lors, à partir de là, je me suis mis à commander frénétiquement des tas de disques, par courrier. C'était avant le net. Quant au catalogue du label, Tim Adams sortait de nombreux disques, souvent au format 7 pouces (format qu'il affectionnait) et quelques Cds... J'en ai acheté quelques uns mais impossible de suivre la cadence. On y retrouvait des disques des Refrigerator (super groupe Lo-Fi), des Cannanes, des Mountain Goats aussi, Seam, Unrest, Roy Montgomery... Désormais ces disques sont difficiles à trouver, et souvent très chers. Pour collectionneurs avertis. Ajax était un mail-order passionnant, où l'on pouvait comme nulle part ailleurs s'approvisionner en skeuds, essentiellement américains.



Aesthetics :

Je reviendrais spécifiquement sur le label de Ken Dyber avec lequel j'ai été étroitement en lien. L'occasion de revenir sur mes accointances avec des musiciens gravitant autour de ce label et des actions entreprises (booking, distribution, édition...). Le label est né en 1996 et a interrompu ses activités en 2007 (après un déménagement sur Portland). On retrouve en son sein des groupes comme L'Altra (dans lequel Dyber a été bassiste, notamment sur le premier album), 33.3, The Eternals, Pulseprogramming, Daniel Givens, Hood (en license pour "Cold House"), Seth P. Brundel, Windsor for the derby...



Kranky :

C'est Manu encore une fois en me mettant un titre de Jessamine sur une cassette, qui m'a introduit à l'univers de ce label incontournable. Kranky est toujours là en 2022, avec un catalogue qui ne fait que croître d'années en années. Ce label a été fondé en 1993 par Bruce Adams et Joel Leoschke, deux mecs qui avaient une large expérience au sein de la musique indépendante. Je crois que Adams avait bossé chez Touch&Go puis Cargo Music, ainsi que Leoschke. C'est en signant Labradford et la sortie de leur première référence "Prazision Lp" qu'ils construisirent les fondations de leur maison. Un créneau : défendre des musiques diverses, inventives, faisant la part belle à l'Ambient, la musique expérimentale, toutes formes musicales sortant des sentiers battus. Manu m'avait vendu Jessamine, puis Labradford. On parlait de Space-Rock (Jean Bernard André dans Octopus), et j'ai eu un peu plus de mal à m'y mettre. Mais une fois que j'ai eu mordu à l'appât (ce premier album de Jessamine est une merveille), je n'ai plus lâché prise. Kranky c'est une multitude de groupes et artistes et d'albums globalement excellents. J'ai rarement été déçu. Bien sur il y en a que j'apprécie davantage que d'autres, des projets qui me parlent plus que d'autres. Mais en général je suis conquis. Rarement un label chez moi n'aura été aussi consensuel dans ses choix, une prouesse. Si Labradford et Jessamine restent les figures tutélaires du label, il y a bien d'autres groupes qui m'ont interpellé et pour lesquels j'ai une passion sans bornes.

En premier lieu Stars of the Lid, duo énigmatique composant une musique Ambient Néo-classique envoutante. Peu à peu j'ai tout réuni du groupe pour mon plus grand plaisir. J'ai souvent essayé de les contacter pour travailler avec eux (pour Musique pour Statues-Menhirs, Erik Satie et les nouveaux jeunes), mais mes sollicitations sont restées sans réponses. Depuis le projet s'est disloqué, mais ils ont laissé derrière quelques uns des plus beaux disques du genre. Brian McBride et Adam Wiltzie ont continué leurs pérégrinations, chacun de leurs côtés. McBride avec des disques solos éblouissants (2) et Wiltzie d'abord sous l'entité The Dead Texan, puis ensuite et depuis peu avec Dustin O'Halloran sous le nom A Winged Victory For The Sullen (grandiose). Il y a eu Bowery Electric, fantastique groupe avec notamment ces deux premiers albums fabuleux, avec un côté peut être Shoegazing en plus.

Une des caractéristiques du label est de ne sortir que des albums, aucun Ep, aucun single. Ils ont eu cette politique dès le départ, pour ne pas démultiplier les coûts et les frais (une bonne idée à mon sens). On peut noter des designs soignés de chaque disque, et épurés généralement. J'ai essayé plusieurs fois de contacter le label pour différentes raisons. J'ai essayé de négocier des interviews, des conseils, de la distribution. Mais Adams (puisque désormais c'est lui qui est aux commandes) ne m'a jamais répondu positivement. J'ai eu droit quelque fois à des messages laconiques, à l'image du label et son catalogue, mais rien de plus. Kranky se fout de tout, se focalise sur ses sorties et fonctionne sans devoir de comptes à personne et sans se soucier des autres. Aujourd'hui Kranky s'est même permis de stopper son site web, et ne passe que par Bandcamp. Seul Midheaven assure une distribution dans les magasins, aux States. Si vous habitez en Europe, vous ne trouverez pas les disques chez un disquaire, sauf si ce dernier les commande au label directement. J'ai collaboré assez souvent avec des artistes du label, qui heureusement, sont souvent plus accessibles et plus enclins à des collaborations. C'est ainsi que j'ai travaillé avec Benoit Pioulard, à plusieurs reprises, et qui est depuis une dizaine d'année un projet phare de la structure. Pioulard c'est un mélange de Folk et de musique électronique Ambient. Mais aussi avec Loscil le canadien, avec Pan.American (le projet de Mark Nelson de Labradford). Impossible encore une fois de citer tous les projets du label qui valent le détour, à vous de vous y plonger et de vous en faire une idée. En vrac je cite Dissolve, Felix, Belong, Low (on en reparlera), Clear Horizon, White Rainbow (Adam Forkner de Yme Bitsu), Greg Davis, Valet, Amp, Tim Hecker (grandiose)...



Enfin impossible de terminer sur ces labels de Chicago sans parler de

Perishable records (qui n'est plus actif) et ses disques de Him (Doug Scharin), de Califone, de Out of worship, Loftus (Curtis Harvey, Bundy K. Brown...), Frontier...


Atavistic (plus expérimental) avec Branca, Eleventh Dream Day, Crescent, Swans, Christian Marclay, Boxhead Ensemble, Lydia Lunch, ww.lowman... Très gros catalogue aussi.


Carrot Top (distributeur aussi, que j'ai essayé de contacter plusieurs fois, et là aussi sans résultats et label de licence) avec Handsome Family, The Coctails, Flowchart, Füxa, Retsin, Disco Inferno, Archer Prewitt... Le label a baissé au fil des années largement sa voilure, jusqu'à annoncer aujourd'hui qu'il est un tout petit label et son Shop a plié.


Et j'allais oublié le label des Coctails Hi-Ball qui a sorti des disques très intéressants, outre leurs propres productions. Je pense à l'unique album de Evergreen (réédité par Temporary Residence il y a peu), groupe avec l'ex Slint Britt Walford et quelques singles tout à fait recommandable de Brokeback, Dianogah, Archer Prewitt, The Log Letters...


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