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Ces secrets bien gardés... Neale Jackson



Cela n’arrive pas souvent, mais quand ça se présente, il y a quelque chose de profondément magique dans le fait de trouver un disque par hasard et de réaliser qu'il est tout simplement extraordinaire. C'est comme si le destin musical avait joué en notre faveur, nous offrant un trésor caché que nous n'aurions jamais découvert autrement. Cette expérience nous rappelle que la musique a le pouvoir de transcender les frontières du temps et de l'espace, nous transportant dans un monde nouveau et inexploré.


Le scénario est souvent le même. On se trouve chez un disquaire ou dans une solderie quelconque, ou peut-être parmi un paquet de vinyles dans une brocante. Soudain, une pochette d'album attire votre regard. Peut-être est-ce la couleur, le design, ou simplement quelque chose d’inexpliqué. Vous décidez de le prendre et l'écouter, plus par curiosité que par conviction que ce disque sera formidable.


Lorsque l'aiguille touche le sillon pour la première fois, quelque chose de spécial se produit. Les premières notes résonnent dans votre « âme », et vous êtes instantanément transporté dans un univers sonore qui vous était jusqu'alors inconnu. C'est comme si le temps s'était arrêté, et chaque chanson qui s'enchaîne devient une révélation. Ce que vous découvrez dans ces moments magiques, c'est que la musique est un langage universel qui peut transcender les barrières. Elle peut vous parler d'une manière que vous n'auriez jamais imaginée. Les paroles, les mélodies, les arrangements, tout semble parfaitement aligné pour créer une expérience auditive inoubliable.


C'est souvent dans ces moments de découverte inattendue que vous réalisez que l'artiste derrière l'album est un génie méconnu. Peut-être que cet artiste n'a jamais atteint la célébrité, mais il a créé quelque chose de véritablement spécial, quelque chose qui mérite d'être célébré. Ces disques oubliés sont souvent des trésors cachés, des diamants bruts qui attendent d'être polis et appréciés.


La musique a ce pouvoir de nous émouvoir, de nous inspirer et de nous connecter avec des émotions que nous n'aurions peut-être pas exprimées autrement.


Pour ce disque c’est exactement comme cela que les choses se sont déroulées, récemment. Je venais d’amener ma fille chez mes parents afin qu’elle passe une semaine de vacances en leur compagnie. Je mettais organiser, en me disant que j’allais en profiter pour faire un tour dans mes différents points de ventes de disques d’occasions où j’ai l’habitude de me rendre depuis un moment. C’était l’occasion, seul, j’avais tout mon temps. J’avais décidé de commencer par le nouveau Leclerc Occasion qui s’est monté il y a quelques temps, et où je trouve régulièrement des pièces intéressantes. C’était midi et demi, c’était l’idéal, il n’y avait pas grand monde. En effet cette échoppe installée en pleine galerie marchande parfois est très fréquentée, là j’étais peinard. Je me suis donc dirigé vers les vinyles et les cds, comme à mon accoutumée. J’ai d’abord remué frénétiquement, les vinyles, organisés, en plusieurs piles, posées sur des étagères, rangés à la verticale bien sûr. Dans un premier temps, je ne trouvais rien de nouveau, les disques étaient les mêmes que j’avais déjà tripoté quelques semaines auparavant. Puis en passant sur une autre pile, je distinguais dès le début, des perles. Ça commençait bien, un Bruce Springsteen, un Zappa, la BO de 9 semaines et demi… Je me disais qu’enfin j’étais tombé sur un bon filon. Malheureusement cela se tarît bien vite, retrouvant des disques vus et revus précédemment. Pourtant parmi ces quelques nouveautés, j’avais distingué un skeud qui m’avait interpellé, mais que j’avais laissé dans la pile, ne choisissant pas de le mettre de côté. Le visage du gars en cover, son regard, m’avait en effet charmé. Je me décidais à le retrouver dans le lot, et cette fois-ci, à regarder plus en détails la couverture, son dos, pas le disque ni la sous pochette car l’ensemble était cellophané. Neale Jackson. Cela ne me disait absolument rien. Mais ce regard me captivait. L’ensemble du graphisme d’ailleurs aussi, dépouillé, sobre, mais efficace. Au dos, le label NEW Musidisc (et Musidisc) m’interrogeait, je connaissais, me semblait-il… Un label français, la date 1986. Des éléments qui me laissait porter à croire que je tenais quelque chose, peut-être d’intéressant. Je vous promets que je n’ai pas fait comme tous ces gars, qui sortent leur portable et qui se précipitent sur Discogs pour regarder de quoi il en retourne. J’ai bien assez souvent vécu ça, en tant que vendeur, je n’appréciais pas vraiment la chose. Combien de personne, ces fameux "Diggers", préférant se référer à leur smartphone et à la « bible », plutôt qu’à m’interroger et surtout vérifiant la côte approximative du skeud, afin de pouvoir négocier ou voir si le vendeur ne les tabasse pas en termes de prix. Si vous n’avez jamais vendu de disques, vous ne pouvez pas comprendre.


Ici, pour le cas présent, je n’ai pas regardé Discogs et je me suis décidé à prendre le risque d’acheter le disque, pour découvrir. Après tout je ne faisais pas une folie, à 4,99 €, ça valait la chandelle. Je continuais après une heure passé dans ce lieu, à passer ensuite les cds un a un, à faire mon tour des popotes. La journée fût dantesque, comme rarement et ma carte bleue fumait. De retour chez moi, je fis état de toutes mes trouvailles à ma femme, avec mon excitation coutumière, pour ce genre d’expédition. Elle avait l’air contente pour moi, elle rentrait du travail, avec sans doute avait d’autres choses en tête. Mon premier geste, fût de mettre ce fameux Neale Jackson et ce "Ashes in the sand" (titre révélateur ?) sur la platine. Le disque avait l’air propre. Le premier titre "Scream in vain" s’élança. Premier constat, ça partait bien, mais la plage sautait. Je pris le parti de tout arrêter, et de prendre le temps de le nettoyer, en profondeur. Une fois l’opération réalisée, je remettais le disque en marche. Cette fois-ci ça ne sautait plus (vous connaissez ce contentement du travail bien fait). Je pouvais sonder sereinement le contenu de l’objet. Ce 1er titre avait la figure d’un tube. Et je me suis dit, que d’entrée, ça partait fort. Un morceau très dynamique, avec une excellente rythmique (basse, batterie), une voix très agréable, des claviers bien New Wave, des chœurs, un temps de silence, et le titre qui repart de plus belle, avec sa montée bien sentie. J’écoutais le disque dans sa totalité, tout en commençant à entreprendre des recherches sur le bonhomme. A la fin de ma première écoute, non seulement, j’étais comme abasourdi par ce que je venais d’entendre, mais j’étais aussi complètement intrigué par ce personnage, dont internet ne me révélait rien, aucune information. Je décidais de me passer (et à ma femme aussi du coup) le disque toute la soirée. Le second titre après le "tube", est le morceau éponyme. Et là, Neale Jackson m’a définitivement conquis (il lui a suffi seulement de deux titres). Je n’en revenais pas : une intro aux claviers, et la rythmique basse/batterie qui s’élance et quelques superbes arpèges, puis Jackson qui se lance dans un chant déchirant. De toute beauté. Particulièrement envoutant, avec des cuivres sur la fin, sublimes. J’ai bien dû l’écouter au moins 15 fois d’affilée. "Geneviève" le 3ème titre est une belle mélodie qui commence avec un son de clavecin, une basse élastique, ronde et la voix de Jackson en réverb, l’ensemble a un côté presque médiéval et romantique. "Johnny’s never gonna write home" quant à lui marque une petite rupture par son caractère Pop par rapport aux précédents titres, presque Mods, à la manière des Prisoners. Pourtant dans le titre, au moment où les sirènes se mettent en marche et où la batterie devient plus "militaire", le morceau change de physionomie devenant plus sombre, plus Cold, et là mes sens se sont emballés, hypnotique. "Spare the child" conclue la face A magistralement avec cette fois-ci une esthétique plus synth-Pop New Wave digne des plus grandes signatures de l’époque. La face B débute avec "I coudn’t believe my eyes" avec une introduction calme, très soignée, rappelant les plus belles heures de la New Wave mainstream, s’emballant subitement à 2’12’’, devenant un hymne, qui aurait pu sans problème envahir les ondes FM à l’époque. Le morceau dure mine de rien 6 ‘37’’, pour mon plus grand plaisir, avec une basse presque funk digne du jeu de John Taylor de DD. "Swimming into the doctor", avec le recul est sans doute pour moi le sommet du disque, avec une harpe et des accords plaqués de claviers parfois certains joués plus fort que d’autres, et Neale Jackson et son timbre désespéré. Je ne m’en suis toujours pas remis. Depuis je l’écoute très régulièrement, quasi quotidiennement. Il se dégage de cette ballade un charme indéfinissable, m’évoquant de nombreux sentiment, et me procurant une certaine nostalgie. "Simple game", le titre suivant est plus anecdotique, plus standard, moins atypique, mais tout de même très agréable. Enfin l’album se conclue avec deux morceaux absolument géniaux. "Within this wall" sonnant très The Sound. La basse devant, les accords de guitares bien Rock et les nappes de claviers qui donnent de la profondeur. Et enfin "You'll Never Be So Wrong", qui là aussi aurait pu très bien être un tube, avec un côté plus insouciant, plus rythmé aussi à la manière d’un Paul Young dans son meilleur jour, période premier album.


Après de multiples écoutes, j’ai timidement imploré, et avec humilité aussi, les dieux de m’avoir mis sur ma route ce disque. Quelle rencontre et quelle joie de tomber sur un tél trésor. Globalement, je trouvais que le son d’enregistrement, la production en somme sonnait Lo-FI. Tant est si bien, que je me demandais si cela ne venait pas du disque qui était encrassé. Parfois les niveaux sonores entre les titres sont inégaux, parfois même, ça sonne si "bricolé", qu’on a l’impression que cela a été enregistré dans un garage, avec du matériel vintage de 1986 (c’est dire). Je ne sais pas si c’était un parti pris ou alors une posture par défaut, mais indubitablement cela donne au disque une spontanéité, une naïveté absolument jubilatoire. Ce disque est un OVNI, je l’ai dit, je le répète, et je persiste.


Bien sûr, vous vous doutez que dans la foulée j’ai entrepris des recherches sur ce Neale Jackson. Ce disque est son seul album. Sur Discogs, actuellement, aucun n’est en vente, et il semble être un peu convoité. Sa dernière vente remonte à août 21, et son prix évolue entre 5 et 26 € pour le plus cher. L’album semble rare. A-t-il eu un tirage conséquent ou non ? De mon côté je ne l’avais jamais vu, nulle part, dans mes multiples pérégrinations. L’album semble être sorti sur le label anglais Powerstation records (un label géré par Kevin Nixon, tiens, label de The Exploited, Tokyo Blade, Chrome Molly, Alex Harvey...) et signé sous licence chez le français NEW (New Electric Way, anciennement New records) Musidisc, un label plutôt connu pour ses signatures Métal (Anthrax, Exodus, Joe Satriani), mais avec un disque de The Sound tout de même ("Thunder up").

En dehors de son album, Neale Jackson a sorti le single "Scream in vain". En 85. Un an avant la sortie de "Ashes in the sand" chez Mélodie distribution et New records (avant qu’ils ne deviennent NEW). Ce single semble avoir été le tube du musicien. Mais à quelle hauteur ? Aucune information.

Par ailleurs il n’y aucune indication de noms de musiciens, sur l’album. Juste que le disque est produit par William Jackson (de la famille à Neale ?) et Kevin Nixon. Sur Discogs, on découvre que Neale Jackson était dans un groupe dénommé Strange Days (clin d’œil au titre de The Cure), avant la sortie de son disque solo. Un groupe de York, en Angleterre. Auteur d’un seul single, sorti en 1983. Et avant encore en 82, dans un autre groupe The Sirens, là aussi avec à son actif un seul single (en 82). Quelques musiciens sont mentionnés, sont-ils les mêmes que l’on retrouve sur les trois projets, possible. Ce qui est certain, c’est qu’il y a en ligne sur Youtube, une vidéo de presque de 30 minutes, qui récapitule toutes ces aventures, avec pleins de morceaux et de coupures de presse, sur The Sirens, Strange Days et Neale Jackson solo. On remarque en le visualisant et en l’écoutant que finalement il semblerait qu’un certain nombre de titres est été conçus, bien avant 86, et en groupe. On a des versions différentes, des lives, et des inédits, sonnant Post-Punk à plein nez. Un document particulièrement intéressant. L’album de Neale Jackson a été aussi numérisé et mis en ligne par un français, qui lui aussi semble être tomber sous son charme. La qualité n’est pas très bonne également, des baisses de niveau sonore. En commentaire, il y en a peu, j’ai vu qu’une personne se présentant comme le fils de Jackson (@LacsiraxAriscal), donne quelques éléments sur le disque. On apprend que le dernier morceau de l’album est un titre obscur de Kim Wilde (d’où la mention "publié par Rickim music", le label de la chanteuse), et que c’est la maison de disque qui l’a obligé à le reprendre. Neale ne semblait pas l’apprécier. Sur chaque morceau, ce fils donne des indications, c’est absolument fascinant. Il évoque chaque titre et on apprend en effet que plusieurs faisaient parti du répertoire de son groupe Strange Days. Il parle d’un certain Steve Goodall, qui aurait ensuite eu un groupe dénommé The Bookroom au Canada.


Je n’ai pas trouvé plus d’éléments sur Neale Jackson, aucune chronique, aucun texte, rien. Juste quelques phrases de son fils, perdues sur la toile, qui d’ailleurs ne semble pas discuter les droits de diffusion de ce disque à l’internaute peu scrupuleux. Les temps sont difficiles et durs.

Depuis cette découverte, je me suis procuré le 7’ "Scream in vain", j’ai vu qu’il existait aussi en format 12’, avec des pochettes différentes. J’ai également acheté le 7 ‘ de Strange Days, qui lui semble rare, et cher. C'est un pur joyaux de Post-Punk. Ne me reste plus que le 7’ de The Sirens. Je crois que je vais essayer de me rapprocher de ce fils, qui peut être me donnera des éléments plus conséquents sur le parcours de son père. Il semble malheureusement en parler comme s’il n’était plus là.


Vous ne pouvez pas imaginer le bonheur, mesdames, messieurs, que j’éprouve désormais. Trouver un disque obscur (comme j’aime souvent le dire), l’apprécier tellement que l’on se l’approprie. Et puis derrière une longue quête, de l’archéologie presque, où l’on déroule la pelote, où l’on détricote, à l’affût de documents, d’interviews, de critiques, d’informations, d’avis. Voilà finalement ce que j’aime dans la collection, dans celle qui se construit aléatoirement, sans forcer, au grès des hasards et des rencontres. En voilà la parfaite illustration.





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