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Nikkfurie "Ghost company" (Maison Closed)

« Ghost company » est sorti en 2014 et sa composition remonte de 1996 jusqu’à 2001, du temps où Nikkfurie bricole, expérimente, bidouille sur son Atari, avec des moyens plus restreints et où le projet avec son frère Hi-Tekk (La Caution) n’a pas encore la notoriété qu’il acquerra quelques temps plus tard.

Chose établie, on sait et on connait tout le talent de compositeur de Nikkfurie, et le cœur qu’il met à l’ouvrage (bourreau de travail). Il est doué d’un sens inouï de la mélodie. C’est ainsi. Toute la discographie de La Caution en témoigne.

Mais comment expliquer que ce disque en particulier soit passé un peu inaperçu au moment de sa sortie. Sans doute la faute à plusieurs facteurs.

Comme tous les disques fondamentaux, son caractère innovant et foisonnant n’a pas facilité les choses. Tout comme l’album « Asphalte hurlante » de La Caution (devenu un classique indémodable), ce « Ghost company » composé il y a un petit moment avait sans doute trop d’avance.

Peut-être aurait-il fallu qu’il sorte en 1996, du temps où l’Abstract Hip-Hop était un style musical médiatisé (DJ Shadow, DJ Krush et consorts…). Mais rien ne peut l’affirmer, car « Ghost company », ce n’est pas seulement de l’Abstract Hip-Hop, bien au contraire, c’est bien plus que ça…

En 2014, la presse musicale a relayé timidement la nouvelle (mais quand on suit de près les choses, on ne sera guère étonné, tant c’est un vide sidéral aujourd’hui). A l’heure, où les disques, en plus, ont un temps de vie très limité, où les sorties multiples s’empilent, où le flot continuel des musiques se déverse sur les réseaux, il est bien difficile de se faire entendre, écouter ou remarquer. Même si l’on peut relativiser, il s’agit tout de même de Nikkfurie, et que ce dernier est suivi de près par un grand nombre de cautionneurs (rares sont ceux qui peuvent compter sur autant d’adeptes éclairés).

Néanmoins ce disque doit avoir la visibilité qu’il mérite. C’est un disque fondateur et au même titre que la discographie de La Caution, il restera dans les annales. Il est intemporel, et sa place dans maymacmusic.com est justifiée à plus d’un titre. Je vous fais le pari que vous pourrez l’écouter dans 20 ans et vous constaterez qu’il n’aura pas pris une once de rides, un semblant de coup de vieux.

«Ghost company » est conçu comme (j’ai même confondu avec Ghost Dog de Jarmush, lapsus révélateur de la hauteur de l’œuvre) une bande originale d’un film imaginaire. Un film racontant l’histoire d’un personnage atypique (un sdf du futur, errant) devant affronter ses fantômes du passé. Une déambulation loufoque, une « odyssée incongrue » qu’il est essentiel de suivre, avec les explications pour chacun des titres dans le livret du disque ainsi que les images et les graphismes de l’opus. Nikkfurie compose régulièrement pour le cinéma et inspire de nombreux réalisateurs : Kim Chapiron (« Sheitan», «Dog Pound»), JJ Abrams (« Undercovers»), Gurinder Chadha («Paris, je t’aime» de Gus Van Sant) et surtout Steven Soderbergh («Ocean’s 12») avec le tube de La Caution «Thé à la Menthe». Il connait, il sent, il devine le rapport de l’image et du son, son fonctionnement étroit, son articulation évidente. Cet album en est l’illustration.

« Ghost company » est un chef d’œuvre d’éclectisme et de richesse musicale. Impossible de cataloguer ces morceaux, de les ranger dans des cases. Nikkfurie part dans tous les sens et fait la démonstration de ses goûts variés et de sa culture : Electro, Rock, Hip Hop, Ambient, Néoclassique, Electronica, Breakbeat… L’auditeur est malmené, mais tout y est cohérent et fluide. 22 pièces qui s’enchaînent sans aucun répit, avec finesse et brillance. Une BO au pouvoir évocateur sans commune mesure. Car ici les images c’est l’auditeur qui se les crée : Nikkfurie réalise le tour de force de donner à celui qui écoute sa musique d’imaginer ses propres images (avec tout de même un petit guide). De « Catacombs » avec sa mélodie orientale et son breakbeat nerveux en passant par « Holograms » et ses clicks and bips tout en minutie, ou ce « Bloodsport » nerveux, dansant, « The Guide » très « popy », la comptine « Pearl », c’est un univers indéfinissable et fascinant, indissociable… « Ghost company » est un disque d’un seul tenant, aucune fragmentation possible, les tracks sont intimement liées. C’est sa force et ce qui en fait son intérêt. Même le sublime « Louis XIV » titre néoclassique, mélancolique et étranger à la temporalité, ne peut être dissocié de l’ensemble de l’œuvre… Quand on sait que peut être une suite verra le jour, on en est tout affolé, tout renversé… On attend ça, patiemment, en se noyant inlassablement dans ce bleu pétrole de la pochette et dans cette musique carrément mutante…

En tout état de cause « Ghost company » doit être diffusé et ne doit en aucun cas disparaître

dans les limbes de la production musicale. Il est de notre devoir de s’en faire l’écho et d’en évoquer la teneur autour de nous.

Je vous l’assure quand il est joué « live » il prend toute sa dimension universelle et sa puissance cinématographique, d’autant plus dans un environnement singulier. J’ai pu le mesurer…

Reste plus qu’à lui trouver des lieux…




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