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  • kocat

The Gun Club...

Dernière mise à jour : 18 juil. 2022


Sans doute un des premiers Club que j'ai fréquenté assidument... Bien avant celui du foot, à peu près en même temps que celui du Rugby. J'étais cadet. Comme précédemment évoqué, c'est logiquement avec "Fire of Love" que les choses se sont initiées. J'en ai parlé, l'histoire de l'oncle du copain de mon frérot et son invraisemblable collection de vinyls.

Ce premier album est arrivé entre mes mains, comme ça, par hasard. Dans l'édition française, de chez New Rose. J'ai d'ailleurs longtemps cru qu'il n'existait que ce visuel. C'est bien plus tard que j'ai découvert la pochette originale, qui ne m'a pas fait le même effet. Cette cover de chez New Rose était fascinante, c'est vraiment le terme. Avant que je ne connaisse le son du Gun Club, il y avait ce graphisme, cette photo, de personnages effrayants, des morts-vivants, couverts de toiles d'araignée, avec leurs sabres. Une pochette presque ou carrément mystique, et ensorcelante quand on a 14 ans. Sur le verso, la photo de cette femme brulant dans un bucher ne faisait qu'accentuer ce sentiment et cet envoutement. A ce moment là, dans mon parcours de vie, je pense n'avoir jamais vu un truc pareil. Avant même d'avoir écouter quoi que se soit de ce disque, je suis resté un moment à observer son design. Celui-ci m'intimida quelque peu, presque prudent étais-je, et sur la retenue. Qu'allais-je bien pouvoir découvrir sur ce skeud ? Quelle sorte de musique démoniaque...? C'était sur la platine de mon frérot, nous avons mis le disque avec délicatesse et précaution, de peur de réveiller quelques esprits et autres démons dans sa piaule. "Sex Beat" s'élança. Là aussi je n'avais jamais entendu un truc pareil : une énergie, une excitation folle, avec une désespérance maladive (je ne connais pas le Blues). Encore, du coup, pour mon jeune âge, une déflagration sonore, dont je ne me suis jamais remis, et même pour laquelle j'ai développé une addiction infinie et permanente.

Je copiais l'album sur une face d'une cassette de 60'. Bien sur tout l'album n'y rentra pas. Il me manquait la moitié de "Cool Drink Of Water" et le dernier morceau "Goodbye Johnny". Qu'en bien même, je me mis à écouter l'album continuellement, de manière incessante. J'étais parti de chez mon frérot, et je me retrouvais dans une nouvelle région, sans beaucoup d'amis, mais avec cette cassette (et quelques autres). "Fire of love" et Gun Club firent l'objet de toute mon attention. Je cherchais désespérément des infos dans les revues que j'achetais, et je n'en trouvais pas. J'en parlais également aux premiers camarades que je commençais à fréquenter dans le cadre de ma scolarité, qui ne connaissaient bien sur absolument pas. Les premières lignes que j'ai pu lire sur ce groupe furent celles écrites par Jean Noel Ogouz et Jean Marie Leduc dans "Le Rock. De A à Z. Dictionnaire illustré". J'avais mes premiers éléments, un peu d'histoire, des noms. En fait en y regardant de plus près je croyais, mais non. Justement il n'y a rien dans ce bouquin sur Gun Club. Un manque criant et une incompréhensible omission. Alors je ne sais pas où j'ai trouvé ces lignes, je ne sais plus. J'achèterai le vinyl à mon tour, un peu plus tard. La même version, j'y tenais.


En 1987, dans un de mes "Best" mensuel que j'achète avec plus ou moins d'assiduité, je tombe sur une chronique du nouvel album du groupe "Mother Juno", je n'en reviens pas. Le groupe existe et sort encore des disques. Rétrospectivement "Fire of love" est sorti en 1981, et dans son édition française "effrayante" en 82. Nous sommes donc 6 ans plus tard. Rien d'anormal donc dans la vie d'un groupe. Lors d'une de mes sorties berruyères (à Bourges), je me rendais chez le disquaire en haut de la rue Moyenne où j'avais l'habitude de me rendre : "La Galerie du disque". Je me disais que peut être je réussirai à choper ce nouvel album. J'avais bien intuité, il était là en présentation, en format vinyl et Cd. Le Cd était balbutiant et avait une connotation de format "luxueux" (la qualité numérique...), donc assez cher. Je pris le vinyl, environ pour 60 Frs. De retour au bercail, il me fallait écouter ça rapidement. La pochette était cette fois-ci plus colorée, mais pas forcément plus optimiste. Au dos il y avait les portraits des musiciens. C'était pour moi les premières représentations iconographiques des membres du groupe. Jeffrey Lee Pierce, qui soit disant était le "Marlon Brando" de la musique indé (j'avais lu ça dans Best), et ici je le trouvais plutôt bouffi, Kid Congo Powers semble être un joyeux luron et les autres je ne les connais pas. Il y a aussi un certain Blixa Bargeld (Einstürzende Neubauten, Bad Seeds) dans les participants, Romi Mori, la bassiste qui sera le grand amour de Pierce et Robin Guthrie à la production... La première écoute m'a fait le même effet que quand j'ai écouté "La Folie" des Stranglers et que j'avais "Rattus norvegicus" en référence. "Mother Juno" était bien loin de "Fire of love"... Même si la voix n'avait pas (trop) bougé, l'ensemble sonnait plus "américain" pour ne pas dire Americana, plus Country, moins Punk, moins énervé en somme, malgré quelques élans sonores (et soniques). L'album fût rapidement un album de chevet, plus mélodique, moins brut, moins "Blues-Punk", peut être plus accessible et moins âpre, plus Rock tout bonnement. Bien des années plus tard, j'apprendrais que Pierce était dans une période sombre et délicate, que Kid Congo s'éclatait avec les Bad Seeds (et avant les Cramps), que sa compagne guitariste était parti avec le leader des Sisters of Mercy. Sa rencontre fortuite avec l'ex Cocteau Twins sera déterminante et permettra la réalisation d'une œuvre souvent décriée par les fans de la première heure et encensée par des auditeurs plus tardifs. "Mother Juno" offre des chansons absolument prodigieuses, avec quelques sommets où la voix de Pierce est sublime, notamment sur "Yellow eyes". Et c'est un album auquel je suis attaché, pour l'avoir beaucoup écouté, donc très intégré (avec toutes ses subtilités) et qu'il est une de mes premières acquisitions vinyls et donc un disque de jeunesse. En même temps je m'écoutais ma cassette de "Fire of love" en mesurant toute la différence des deux albums mais aussi les accointances. J'ai longuement observé la sous pochette, faîtes de collages variés, assez énigmatiques, quelque fois dérangeants. J'en découvre quelques subtilités toujours, il y a quelques jours d'ailleurs, j'ai constaté aussi encore quelque chose d'assez incongru au sujet de ce disque. Je ne l'avais jamais remarqué étrangement. Le rond central de mon exemplaire est le même face A et Face B. J'ai deux fois le label side Two. Le tracklisting de la face A n'y est pas. Je n'avais jamais rien distingué. Une erreur sans doute de fabrication. Ceci pour expliquer, que pendant toutes ces années, j'ai tourné et retourné ce vinyl sans prêter attention, mais en sachant pertinemment où étaient "Bill Bailey" et "Port of souls".





En 1988, nous participons avec mon frérot à une foire aux disques à Bourges dans le cadre du Printemps, je l'ai évoqué dans un article nommé sommairement "Bourges". C'est l'euphorie, c'est ma première et je suis comme étourdi par autant de skeuds. Nous fouillons tous les deux, activement, notre budget est bien entendu limité. Au cours de mes recherches je tombe sur un album du Gun Club, cette fois-ci c'est "Miami" dans un état comme on dirait aujourd'hui "Near Mint", pour 40 Frs. Je trouve également "The Las Vegas Story", mais je n'ai plus d'argent. Mon frérot à qui il lui en reste encore, m'en fait cadeau. Le bonheur et l'extase. Une générosité dont je lui serais à jamais reconnaissant. Cela reste comme une de mes anecdotes les plus enthousiasmantes dans l'immense lot que représente celles liées à mes recherches de disques. Ces deux albums sont sortis respectivement en 1982 et 1984 sur Animal records. Il s'agit d'un label fondé par Chris Stein, guitariste de Blondie. Pierce était le président du fan club de Blondie à Los Angeles, période où il écrit des articles pour des magazines de Musique, où il voyage en Floride et s'initie au vaudou, et où il réalise une interview de Bob Marley en Jamaïque). Et d'ailleurs sur "Miami", on retrouve des chœurs de Debbie Harry. Ce disque est doté là aussi d'un superbe visuel, où l'on voit le groupe sous la forme d'un trio, avec Pierce en blond et ces palmiers et ce vert profond. J'en ai fait un tee shirt... L'album est plus country que le premier et j'ai compris tout à coup l'évolution vers "Mother Juno". Le Blues-Punk est moins tendu, mais les textes et les compositions de Pierce sont torturés comme jamais. Ils reprennent Creedence Clearwater et clin d'œil un titre magnifique intitulé "The Fire of love". Je constate à l'époque, que Le Gun Club sur chacune de ses pochettes, fait figurer des croix chrétiennes, et l'on sent chez Pierce une volonté de croiser les rituels vaudou, et des croyances religieuses diverses. Les deux premiers albums du Gun Club révèlent ce mysticisme de manière évidente dans leurs créations. "The Las Vegas Story" fait définitivement le lien avec "Mother Juno" et il clôture néanmoins un chapitre, une période. Je n'ai jamais assez remercié Eric d'avoir été généreux ce jour de foire. Mais encore une fois quel disque, plus maitrisé encore. Aucune titre n'est à distinguer, tout y est beauté. Gun Club passe d'une ville à une autre, de Miami à Las Vegas, d'un blues marécageux à un Rock plus urbain, plus froid. Y a du Television dans l'air, joué à la slide, du Free Jazz et l'hommage à Pharaoh Sanders sur "Master Plan".

Rien ne sert d'en parler trop, bien d'autres l'ont fait avant moi et mieux. Non juste évoqué cette histoire qui me lie au Gun Club, et à ses quatre disques, qui depuis 86, n'ont jamais quitté ma platine. J'écoute inlassablement un de ces albums, sans jamais me lasser, y trouvant même toujours autant de magie et des éléments que plus jeune je n'avais pas saisi. Depuis j'ai écouté d'autres enregistrements du groupe (sur lesquels j'ai moins accroché comme "Divinity"). Je me suis penché sur la disco solo de Pierce, avec ses chansons puissantes et sombres, en lien sans doute avec la littérature de Faulkner. J'ai lu des livres, et un jour il est parti. S'en est suivi les hommages, les tributes, la redécouverte d'un groupe qui finalement reste encore assez méconnu, quoique culte. En 2013 , j'arrivais à une forme d'aboutissement, j'organisais un concert de Kid Congo et de ses The Pink Monkey Birds, dans la salle dont je réalisais la programmation. C'était un soir de décembre, la salle était comble, et le Kid proposa bien sur ses nouveaux morceaux et bien sur du Gun Club, dont une version de "Sex Beat". La boucle était bouclée.









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