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  • kocat

Au commencement (suite 2)

Dernière mise à jour : 1 févr. 2022



La première fois que j'ai mis les pieds chez un disquaire, c'était vers le tout début de ma seconde... J'avais 15 ans, et ma grand-mère m'avait donné un peu d'argent de poche. J'avais comme expliqué précédemment désormais une petite chaîne Hi-Fi achetée aux Nouvelles-Galerie de Bourges, route de La Charité. J'avais donc une platine vinyl. J'avais récupéré les vieux disques de mes parents (Ferré, Reggiani, Jarre...), et ma mère m'avait acheté 4 vinyls que j'évoquais la dernière fois (Dylan, Marley, Cohen, Les Stranglers)... Pas plus. Ma chaîne était équipée d'un double cassette seulement en plus de la platine, pas de lecteur Cd bien sur. Ce n'était d'ailleurs pas encore trop d'actualité comme format, voir pas du tout. J'écoutais principalement ma musique sur mes cassettes enregistrées ou non. Une fois en milieu d'après-midi, après mes cours, en seconde donc, je suis allé en ville. J'étais au lycée à Vierzon, petite ville dans le Cher. J'avais pris mon argent de poche avec moi. J'avais repéré une boutique, un magasin de musique, presque en face des Nouvelles Galeries (y en avait partout à l'époque). Cette boutique s’appelait "Musica". Ce n'était pas qu'un disquaire, ils y vendaient aussi des instruments de musique. Je rentrais donc chez "Musica" pour la première fois de mon existence. Il y avait des bacs de vinyls au milieu de l'espace, et des panneaux de cassettes audio, sur un pan de mur. J'avais mis un peu de temps pour rentrer dans ce magasin. Je n'osais pas... Cette fois-ci j'avais pris mon courage à deux mains... Je fouillais tous les bacs, un par un... Il y avait beaucoup de choses, et pas mal de références que je ne connaissais pas. J'étais comme un peu enivré. Les Lps coûtaient entre 60 et 80 Frs. Je ne savais pas encore trop faire la différence entre un maxi, un 12 pouces, un 10 pouces. A peine je connaissais le 45t, mais je ne savais pas que l'on pouvait dire un 7 pouces... Je fouillais, sous le regard curieux du commerçant, qui m'avait déjà demandé si je voulais quelque chose de précis. Je lui avais dit que non, j'avais prévu cette question. Je lui ai juste dit que je regardais, comme ça, sans idée précise. Et c'est ce que je faisais... J'en perdais la raison... Je n'arrivais pas à faire de choix. J'avais imaginé repartir avec un disque, peut être deux. Je ne sais plus combien de temps, j'ai déplacé ces skeuds, c'est vieux. Mais au bout d'un moment, je suis tombé sur le disque des Fine Young Cannibals. Leur premier album éponyme. J'avais lu une chronique sur ce disque dans Best, assez élogieuse. Et puis j'avais entendu leur hit "Johnny come home" à la téloche. Ce morceau m'avait emballé. Je trouvais la voix du chanteur très originale et la rythmique redoutable. Je n'étais pas encore très affûté dans les styles et les mouvements... Mais y avait quelque chose d'hybride dans ce son, un croisement de Soul et de Rock genre Mods voir Ska. Je ne savais pas encore mais les deux musiciens Andy Cox et David Steele étaient des anciens du groupe The Beat (fer de lance du ska anglais avec Madness et The Specials...). J'ai longuement hésité avant de l'acheter. Je n'ai pas osé (encore une fois) demander au disquaire de me le faire écouter. J'ai fait confiance à ce hit et à la chronique dithyrambique de Best...Je l'ai pris alors sous le bras, convaincu. "La fièvre acheteuse" faisant son effet, je me suis dit, qu'il m'en fallait un autre... Un seul, ce n'était pas suffisant. J'étais tombé au fil de mes recherches, sur un skeud qui m'avait attiré l'attention. Je ne connaissais absolument pas, je ne savais même pas de quelle musique il s'agissait... La pochette m'avait attiré l’œil, le nom du groupe "The Prisoners" aussi et son titre "A taste of pink", et le nom de ce que je croyais être le label : "Skydog"... Je me suis résolu à le prendre, en me disant, on verra bien... Une prise de risque indéniable qui passa après mon excitation d'avoir enfin acheter mes deux premiers disques tout seul, comme un grand. Avec mes deux disques dans mon sac "Musica", je filais vers mon bus pour rentrer chez moi. Ce souvenir reste impérissable. Ma première visite chez un disquaire. Je n'avais pas trop discuté avec lui, mais j'avais drôlement apprécié ce moment. Je me suis juré de recommencer rapidement... A l'écoute de ces deux albums, je n'ai eu aucun regret. Fine Young Cannibals et ce premier Lp (sorti du coup en 1985) était à la hauteur du hit "Johnny come home"... Un très bon opus plein de classe, très léché avec une Pop soyeuse, teintée de Soul et de Ska. Une succession de titres en forme de tubes imparables : "Don't ask me to choose" ou la reprise d'Elvis "Suspicious Mind" (d'ailleurs c'était un groupe à "charts", on y retrouve aussi Jimmy Sommerville en featuring je crois). On peut dire que je l'ai rincé ce disque tant je l'ai écouté. Je n'ai plus suivi ensuite le groupe, j'ai vu qu'ils avaient sorti un nouvel album plus tard, et qu'ils ont enchaîné les hits, mais j'étais déjà passé à autre chose, laissant ce premier album acheté par mes soins, au rang de "petites madeleines de Proust", bien rangé dans mon casier. Quant à The Prisoners, et bien là ce fût la révélation ! Je ne savais rien, de rien sur ce groupe. Mais ce premier disque "A taste of pink" me plaisait "à en mourir"... Du Rock'n'roll énergique, des mélodies à couper le souffle, une voix et un jeu d'orgue hammond et de guitares ciselées, absolument merveilleux. The Prisoners c'était du pur bonheur pour moi, jeune adolescent. J'étais tellement heureux d'avoir pris ce risque d'acheter un truc sans connaître, juste avec un pressentiment que ça pouvait être un truc valable... Quelle satisfaction de ne pas s'être tromper. De la même manière, ce disque je l'ai fait chauffer sur ma platine, en gigotant de tous les côtés à son écoute. Je n'avais aucun moyen d'en savoir plus sur ce groupe. Je savais juste que le disque était sorti en 1982. Pas plus. Je regardais inlassablement la gueule des musiciens et leurs fringues. Je les trouvais chouette, coupe à la Stone des années fin 60, à la Brian Jones, des pantalons serrés, des chaussures effilées blanches, chemises, et des noms : Allan Crockford, Graham Day, James Taylor, Johnny Symons. Je me disais que c'était un groupe anglais. Ce disque était et reste aujourd'hui encore un brûlot. Plus tard je mis des mots plus précis sur leur "son", du Garage ! Avec un côté Mods indéniable. Bien plus tard, je sus qu'ils venaient de Chatham dans le Kent, et qu'ils sortirent plusieurs autres albums (que j'ai fini par trouver suite à une longue quête). Que dans le lot, il y avait James Taylor, qui fondera plus tard le James Taylor Quartet et que ce premier album "A taste of pink" était édité en France par Skydog, un des premiers labels indés français, fondé par Marc Zermati. Je sus aussi que je m'étais fait avoir car avec le disque était fourni un 45t bonus, et que je ne l'avais pas eu (oubli du disquaire ?)... Dans tous les cas, cet album des Prisoners est une perle, et croyez-moi ou non, mais il m'a accompagné régulièrement dans mes péripéties personnelles, toujours encore d'ailleurs. J'ai essayé de le partager dès que je le pouvais. Eric aimait beaucoup ce disque aussi. Et j'étais content !


A cette époque, en seconde j'avais un camarade dans ma classe, il se nommait David G. C'était un bon gars. Nous nous étions découvert une passion commune : la musique ! Nous avions plein de références communes, c'était un plaisir. C'est le premier gars véritablement avec lequel je pouvais communiquer... Nous échangions continuellement, et il me faisait découvrir des tas de choses, je dois bien l'avouer. Il avait déjà pour son jeune âge de nombreuses connaissances, c'était dingue. Il m'enregistrait des quantités de cassettes, c'était très chouette, et il était désireux de m'ouvrir des horizons. Ainsi, grâce à son enthousiasme et son amitié, il me fit découvrir Public Image Limited. A l'époque ils venaient de sortir leur album "Happy", sans doute pas le meilleur, mais celui auquel je suis attaché indéniablement... Puis il y eu New Order. On s'était retrouvé sur Joy Division, alors il s'employa à me faire écouter leur "Brotherhood", sorti en 86. Ce fût encore une fois, un grand moment. Encore aujourd'hui quand je l'écoute ce disque de New Order, je pense à cette époque...De mon côté je crois que je lui avais fait quelques enregistrements, des Stranglers ou du Gun Club, les Lps de Marquis de Sade et Marc Seberg... Je ne sais plus. David était très branché New Wave, Cold Wave dans l'ensemble. Nous étions en 1987, et il m'évoquait la discographie de The Cure (découverte de "Seventeen seconds", "Faith", "Pornography"), m'initiait à leur cousin batave The Essence et leur album "A monument of trust", le projet de Kirk Brandon Spear of destiny, Sisters of mercy, Bauhaus, The Nits, Clan of Xymox, And Also The Trees, les Cocteau Twins, Killing Joke, des groupes français comme Trisomie 21, Norma Loy, Kas Product, des trucs plus electro et belge comme Neon Judgement et plein d'autres choses. C'était une époque faste, je me nourrissais de tout... David était un super copain...



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