J'écris sans réfléchir, à la ferveur (ou la faveur ?) d'un enthousiasme fulgurant... Ce disque est arrivé, par hasard, sans crier gare.
Nick Rhodes, membre fondateur des Duran Duran et clavier émirite de la célèbre formation anglaise, s'est signalé, sur la toile, cette année, en mars...
L'actualité des "Fab Five" est chargée. Un album prévu en octobre 2021, et un single déjà en orbite. Le 23 mai, les voilà en compagnie de Graham Coxon (Blur) sur scène, avec ce "Invisible" inédit et deux de leurs tubes "Notorius" et "Hungry like the wolf"...
Préparant assidument mon projet sur le groupe (publication et disque), il faut bien dire que je guette toute leur actualité, et que la moindre "news", ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd.
C'est ainsi que l'annonce d'un projet annexe de Nick Rhodes ne m'est pas passé inaperçu. Laché presque furtivement sur les réseaux sociaux, cette annonce a presque donné l'impression de sortir en catimini (Un bien grand mot, bien entendu quand on connait
le nombre de personnes qui suivent les anglais).
Nick Rhodes n'a pas besoin de ça. Quelques coupures sur le net, quelques papiers dans des revues généralistes, type Vogue...
Et puis voilà. Pas de promo massive, juste un Instagram, annonçant la sortie du projet.
Originellement ce disque est sorti uniquement en numérique, sous pavillon Tape Modern, le label de Duran Duran (pour rappel fondé par Nick Rhodes et Stephen Duffy, lors de la sortie de l'album de The Devils en 2002), mais j'ai pu obtenir un version physique,
éditée par l'étrange Duran Duran fan Club, en CD. Présenté comme un objet promotionnel, je n'ai aucune idée du caractère légal ou non de la chose. Je voulais néanmoins un support physique. Le disque est d'ailleurs très soigné.
Nick Rhodes est un musicien fascinant, génial sculpteur de sons et de mélodies, derrière ses claviers analogiques (Roland Jupiter).
Inconditionnel de Kraftwerk, mais aussi de Moroder (dont la participation au prochain DD est signalée d'ailleurs) et de Brian Eno, et de Bowie et defunk, Rhodes n'a plus rien à prouver à qui se soit... Les choses sont entendues... Il utilise ses machines, et compose depuis longtemps des morceaux qui sont des "tueries".
Artiste hétéroclite, Rhodes touche à tout : la photo, la peinture, la mode... Un personnage curieux finalement, iconoclaste, comme un dandy électronique désanchanté, moderne, regardant cette époque, du haut de son parcours éclectique, et toujours plus créatif.
Elles sont bien loin les représentations du garçon coiffeur (avec ses acolytes de DD), cher à nos rock-critics de par ici...
Ce projet est un OVNI, sans mauvais jeu de mot. Bien sur la thématique semble être l'univers, je ne crois pas m'égarer outre mesure, en écrivant cela. Mais au delà de ce fait, ce disque déboule subitement et en surprendra plus d'un.
Une nouvelle fois, cet opus, passera sous les radars des biens pensants, comme en son temps "Dark Circles" avec The Devils...
Et pourtant. Quel disque ! Ne cherchez pas des chansons Pop électroniques, synth-new wave ou autres. Non là il ne s'agit pas de format standard dans la forme et dans le fond. Nick Rhodes s'est donc associé à la compositrice et violonniste Wendy Bevan, (dont je connais assez peu de choses). Lui avec ses claviers, elle avec ses orchestrations...
"Astronomia I : The fall of Saturn" est sans doute comme une bande originale, si on veut absolument circonscrire le projet.
C'est à priori ce dont nous nous rapprochons le plus ici. Une musique narrative pour film imaginaire (chaque morceau est néanmoins illustré par une vidéo, mise en ligne petit à petit sur la toile).
Entièrement instrumental (excepté bien sur toutes les voix), on se laisse facilement embarqué par ces 13 titres oniriques, parfois épiques.
Etrange harmonie des deux univers respectifs aux deux musiciens, même si on connait la propension à Rhodes pour la musique orchestrée (je pourrais donner beaucoup d'exemples avec Duran Duran, sur les albums "All you need is now" ou "Paper gods").
A l'heure où de nombreux compositeurs néo-classiques s'illustrent dans des BO (Richter, O'Halloran, Hauschka...), Rhodes et Bevan créent la leur, sans film. Juste nourri par le contexte actuel (crise sanitaire), nécessitant le besoin de voir plus haut, et l'aveu de se sentir finalement impuissant.
Rhodes explique bien ce sentiment, et ce qui l'a rapproché de Bevan pour composer ces titres. Je joins plus bas un lien, où ces derniers s'expliquent, sur le "comment du pourquoi", et sur cette envie de créer une oeuvre singulière.
Rhodes et Bevan ont semble t'il composé beaucoup de titres. D'autres volumes sont prévus de sortir dans le courant de l'année.
Ici sur ce premier album, le son y est puissant et merveilleusement produit (par Joshua Blair), il ne se prend que dans un sens, du début jusquà la fin. Impossible d'en détacher un titre d'un autre. 13 pièces imbriquées, les unes dans les autres, pour un voyage dans les étoiles, comme les musiciens se plaisent à le dire. Bien sur c'est un voyage éprouvant, nous entrainant dans une profonde mélancolie, mais aussi, dans un temps plus médidatif et plus instrospectif. Parfois intimiste, parfois plus grandiloquant, vous ne pourrez rester insensible à ses morceaux, et vous serez haper bien sur, par ces climats cinématographiques (je verrais bien ça pour un film de Terrence Malick ?), faisant de leur lecture, une expérience atypique.
Les deux musiciens ont eu la volonté de nous faire participer, à ce changement, que nous appelions tous de nos voeux...
Leur vision du monde aujourd'hui, en essayant de nous montrer notre caractère éphémère, sous la voute céleste.
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