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Pensées fugaces sur la réédition dans l'industrie phonographique...



En 2022, Il faut bien le dire, si on est amateur de formats physiques pour l’écoute de la musique (vinyl, CD, Cassette), on constate sur la toile de nombreux commentaires sur le phénomène des rééditions. Les réseaux sociaux, des blogs, se font le relais d’avis contraires et divergents sur la question. Des forums même y sont consacrés, où des internautes s’opposent ou se rejoignent sur l’intérêt de rééditer tel ou tel disque, sur sa qualité sonore (analogique, numérique, 180 gr), sur sa fidélité graphique (cover originale, couleur), et sur ses rajouts éventuels (bonus, inédit). Tout cela fait couler beaucoup d’encre, et agite régulièrement les débats.

L’industrie de la musique (dite aussi du disque) est coutumière du fait, depuis ses prémices (1898, date de la création du disque vinyl), la réédition est une récurrence majeure. Ce n’est donc en rien un phénomène récent. C’est, on le sait, depuis longtemps, une façon de gagner de l’argent tout simplement, l’industrie musicale est avant tout une industrie capitaliste, ne l’oublions jamais. Mais qu’est ce qui pousse les industriels, mais pas seulement, les labels indépendants aussi à rééditer des disques ? Voici à mon sens les principales raisons :


Cela peut déjà tenir au succès rencontré par l’album en question, un premier tirage qui connait une audience folle, et la maison de disques relance une nouvelle édition, voir plusieurs au fil du temps. C’est comme ça que des albums "classiques" sont régulièrement réédités, depuis la date de leur sortie. Bien sûr cela est conditionné au fait aussi que ces disques en version originale (et mêmes aux éditions suivantes) atteignent des prix prohibitifs sur le marché. Par ailleurs dans certains cas, quand le disque au contraire ne rencontre pas de succès, la maison de disque parfois fait le choix de rééditer l’album (quelque fois avec des inédits ou autres) pour relancer la machine, et susciter éventuellement un nouvel engouement.


A chaque invention de formats (Cassette, Cd…), les industriels rééditent leur catalogue. C’est une règle. Pour les albums sortis avant l’apparition de ces formats bien sûr. Car quand ils existent, les industriels, mais aussi les labels indépendants sortent leurs productions forcément dans chacun d’eux. Sauf pour les plus pauvres (dont je fais partie), qui ne peuvent pas, pour des raisons économiques, diversifiés l’offre.

Quand une maison de disques en rachète une autre, bien souvent, elle ressort tout le catalogue ou une partie (celle qu’elle juge la plus lucrative) de l’ancienne. C’est relativement systématique.


Parfois quand une maison de disque souhaite sortir un disque sur un nouveau territoire, elle peut envisager une réédition spécifique. Elle peut également envisager une licence. C’est-à-dire une sortie par une autre structure (du pays en question), monnayant financement. Cela se pratique beaucoup. Il y a également des labels indépendants spécialistes du genre. Je pense à City Slang par exemple (pour l’Europe), Big Cat en son temps, Talitres records (pour la France)…


C’est aussi l’occasion, on l’a vu plus haut, de relancer des projets, selon les modes, les réhabilitations, les vagues, en y rajoutant quelques fois, on l’a dit, des éléments : bonus, inédits, lives, 180 gr … C’est ainsi que l’on va voir fleurir toute la tendance "remastering". Les maisons de disques se sont engouffrées dans ce sillon à n’en plus finir et les artistes aussi.


Enfin à la marge, la réédition peut être envisager lorsque le disque a pu rencontrer dans son format original une certaine polémique. La maison de disque peut envisager de ressortir le disque avec la modification.


Dans certains cas, notamment pour les éditions Indie, des labels peuvent rééditer des albums qui au fil du temps sont devenus très rares, et atteignent des sommets de spéculation sur le marché. Dans un souci d’accessibilité au plus grand nombre, des structures envisagent de ressortir ces disques, pour que ceux qui ont raté l’édition originale, puissent être à leur tour, satisfait. Bien sûr, cette procédure a aussi un intérêt financier. Il y a notamment des structures qui se sont spécialisées dans ce genre de pratique. A ne pas confondre avec les structures pratiquant "l'archéologie musicale" qui sont spécialisées dans la redécouverte de projets méconnus ou passés sous les radars. Souvent ces derniers réalisent des compilations, parfois carrément des albums quand il y a matière (en France, on a Born Bad qui fait ça entre autre).


D’un point de vue personnel, en tant qu’auditeur, et consommateur de musique, les rééditions ne m’intéressent pas. Sauf éventuellement pour des disques très rares. Et même. Je privilégie, en bon stakhanoviste, l’édition originale, mais sans pression, plutôt au grès du hasard, des opportunités, des rencontres. Quelque fois, quand je fais une fixation sur un projet, je peux forcer le destin. Mais je préfère, comme des tas de gens le soulignent, laisser les choses arrivées seules, pour être en quête perpétuelle, au risque de ne jamais les posséder. Je remplis des carnets de disques à trouver, que je n’aurai sans doute jamais. On ne peut pas tout avoir, et c’est ce qui donne sens à la démarche. C’est aussi pour ça que je suis attaché à l’objet finalement (vinyl, Cd). Je m’évertue à construire ma discothèque idéale, besogneusement, une collection qui me ressemble, et forcément imparfaite, avec de nombreux manques. J’ai mis du temps à accepter ce processus. Avant je me contentais d’accumuler et d'empiler. J’envisage également l’édition originale comme la seule source valable. Parce qu’elle est l’expression d’une époque. Toutes ces rééditions remastérisées ne m’ont jamais intéressé. Ce n’est pas du snobisme, non, c’est juste qu’il me semble qu’un disque est une œuvre fixée à un moment particulier. La notion de remastering ne m’a jamais interpellé, jamais. Ce n’est, à mes yeux, qu’un argument marketing des maisons de disques (ou labels) pour fans inconditionnels accumulant toutes les sorties de leur groupes favoris ou pour néo-auditeurs éventuellement. Je me fiche bien de cet aspect "restauration", tout comme celui des inédits, ou des bonus d’ailleurs. Je préfère, à tout prendre, acheter une compilation réunissant tous les morceaux méconnus ou alors trouver tous les Eps. Bien sûr, les détracteurs me diront, que c’est bien joli cette histoire, mais que le coût des versions originales est souvent exorbitant, indécent même. Je ne peux que leur donner raison. La spéculation dans le monde du disque est effarante et affligeante. Mais justement l’intérêt de cette quête sans fin, réside dans le fait de trouver des versions originales, certes, mais à des tarifs abordables. Voilà quelque chose qui est source de satisfaction quand, par le plus des hasards, vous tombez sur un disque original que vous cherchez depuis des années et qu’en plus ce dernier est accessible pour votre bourse. Je suis sûr qu’un certain nombre d’entre vous peuvent comprendre cet assouvissement auquel je fais référence… Néanmoins il convient d’édulcorer mon propos quelque peu. Je guette les rééditions de disques introuvables, c’est vrai. Ceux que l’ont ne croise plus, ou à des prix effarants. Alors je salue l’initiative, et j’essaye d’obtenir, si j’ai réussi à obtenir l’information.

La réédition actuelle, tout de même se distingue (pour les maisons de disques essentiellement) pour sa malhonnêteté. C’est souvent une véritable arnaque. Combien de disques réédités (je ne parle même pas de l’histoire du grammage, qui est une fumisterie sans nom) sont de piètre qualité auditive. Un son dégueulasse, sourd, un peu comme certains pirates. Les maisons de disque presse d’après des copies numériques (les Cd eux-mêmes quelque fois), et le rendu est ignoble. Parfois même se sont les covers qui sont monstrueuses, des impressions ignobles, pixellisées, aux couleurs et aux nuances bien éloignées des originales. Je me souviens de quelques Pink Floyd réédités il y a quelques mois, qui avaient une bien sale gueule. Dans tous les cas ces rééditions font les choux gras de la presse musicale, des rubriques spécifiques ont vu le jour. Se sont les rock-critics qui ont du background qui s’y collent, et ce depuis longtemps. On part du principe qu’ils connaissent leur sujet, l'époque, celle qu’ils ont vécu. En conséquence des pans entiers de rééditions sont oubliés (L'indie en général). Je me souviens encore des pages de Best consacrées aux rééditions en Cd à la fin des années 80, désormais se sont des pleines pages de rééditions en vinyl qui ont la faveur du consommateur. On est d'ailleurs sceptique quant à l'utilité d'une telle production (entre les sorties d'albums et toutes les rééditions, on en perd son latin).


Justement en tant que label ou micro label plutôt, je ne peux que constater les effets dévastateurs de la réédition outrancière. Les chaines de production de vinyl (je ne parle pas de celles des cds, puisque plus personne n’en sort) sont squattées par les maisons de disques. Vous le savez bien, on en parle partout, impossible de sortir un vinyl dans des délais raisonnables. Pourtant les labels indépendants ont soutenu longuement la filière phonographique pendant des années, la maintenant même à flot. Désormais, ces derniers ne peuvent plus y accéder, tant les industriels repressent leur catalogue, essayant de surfer sur la nouvelle popularité du format. Un comble. Il faut attendre des mois. De nouvelles logiques de promotion, se sont mises en place : sortie numérique, promotion, puis deuxième battage quand le vinyl sort enfin, six mois plus tard. Les temps changent… Pour mon cas, je me suis rabattu sur l’édition ultra limitée, faîte main, plus propice à une structure comme la mienne. Je plains les autres.

Néanmoins si j’avais la trésorerie, je pourrais être tenter par la réédition aussi. Il y a tant de disques qui méritent une seconde vie. J’ai de nombreuses idées, et j’ai eu des propositions, mais malheureusement mon manque cruel d’argent (systémique depuis le début) ne me permet pas de franchir le pas. C’est dommage, mais c’est ainsi. J’avais même imaginé pour ne pas faire d’amalgame, créé une division spécifique. Le risque financier reste cependant trop important pour que je me lance dans une telle entreprise, à moins un jour, de tomber sur un mécène. Le coût de la fabrication cumulé à l’incertitude des ventes (car un choix trop pointu) m’ont à ce jour refroidi. Le monde est parfois mal fait. Si j’avais le fric que certains ont et qui n’en font rien (hahaha)…

A bon entendeur, je dis ça, j’ dis rien, on m’appelle l’enfonceur de porte ouverte…



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