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The New Christs "Distemper" (1989, Citadel)

kocat

Dernière mise à jour : 11 mars 2022



L'Australie a fourni dans l'histoire du Rock un nombre étonnant de noms de groupe aux allures ecclésiastes affirmées. Jugez par vous même : The Saints, The Church, The New Christs, The Angels...

Je n'en connais pas les raisons, le fruit du hasard ? Peut-être, ou une propension pour les musiciens australiens à s'émouvoir devant la grâce de dieu ou une foie inébranlable ou alors une provocation blasphématoire de révoltés électriques... Qui sait ? Le hasard est capricieux par nature.

En 88, par là, j'étais déjà bien empêtré dans les Saints, j'en ai parlé dans un texte qui leur était consacré. J'étais au lycée, je portais un teddy et des converses. "Eternally Yours" était mon disque de chevet et j'écoutais sans relâche "No, your product" à fond dans mon walkman, en marchant, dans le bus, en attendant les cours, en fumant des clopes. Ce groupe me collait littéralement à la peau, et il animait avec force ma révolte adolescente. Le ton désinvolte de Bailey, les textes désabusés, la guitare ciselante de Kuepper et la rythmique infernale, me donnait du baume au cœur, il faut bien le dire, pour me lever et m'encourager à aller à des cours dont je n'avais rien à carrer. J'avais réussi à me procurer le premier album et le troisième en vinyl, enfin c'était ma copine de l'époque qui les avait trouvé lors d'une de ses pérégrinations parisiennes. "Eternally Yours, je l'avais en cassette, je l'avais copié chez Eric. J'avais customisé la cover avec une image du film "Palombella rossa" (mais j'ai déjà dit tout ça...). Et puis tous les autres jusqu'à "All fools days". Je ne jurais que par les Saints, je ne parlais que d'eux, à qui voulait bien l'entendre. Je voulais monter un groupe et faire la même chose, en premier lieu reprendre leurs titres. Mais je ne trouvais personne. Alors je passais mon temps dans ma piaule à suivre à la basse les morceaux... J'avais commencé à composer quelques lignes de basse aussi sur lesquelles mon copain Fred déclamait des textes. Entre temps j'avais aussi découvert les Stooges et MC5, et je m'abreuvais jusqu'à la lie de toutes ces influences. Avec Fred on se mettait dans des états seconds (toxines diverses), en écoutant "Search and destroy" ou "Erotic neurotic" à tue-tête. Je me sentais vivant et j'avais envie de vivre intensément, comme un Punk (à la manière des Saints, habillés anodinement, sans le costume caricatural), en expérimentant à tout vent. Une époque décousue, un peu déjantée, qui ne m'a pas aidé bien sur, quant à mon avenir scolaire. Je le savais, sans trop m'en soucier. Je faisais des choix, sans avoir l'impression d'en faire. En effectuant quelques recherches, dans mes revues musicales, et le livre "Le Rock. De A à Z, dictionnaire illustré" de Jean Noël Ogouz et Jean Marie Leduc, que ma mère m'avait offert, j'avais repéré tous les projets annexes des Stooges (New Race, The New Order, Destroy all monsters) et surtout j'avais porté à ma connaissance l'existence d'un autre groupe Punk-Rock australien, à savoir les Radio Birdman. Là aussi ma copine réussit à trouver les deux premiers albums (décidemment elle était perspicace avec le recul), et du coup je me délectais de ce son, plein de rage. Le jeu de guitare de Deniz Tek me rendait fou. Rob Younger, le chanteur, m'ensorcelait et je disais à Fred mon pote de s'en inspirer. Le premier album d'ailleurs débutait avec une version de "TV Eye" des Stooges sur les chapeaux de roues... Dieu que je les ai usés ces disques et ma chaine a hurlé ces morceaux, nuits et jours. Sans fausse modestie. En 89, toujours en lisant Best, je découvre l'annonce de la sortie d'un premier album, celui d'un nouveau groupe australien, les New Christs. L'album se nomme "Distemper" et édité par le label australien Citadel. Le groupe est composé de Rob Younger et trois autres musiciens (dont Jim Dickson transfuge des Barracudas, que j'avais également repéré). La chronique était élogieuse. Alors, lors d'une de mes sorties à Bourges, je m'étais rendu à la Galerie du disque, le disquaire en haut de la rue Moyenne, et ma joie fût immense, quand j'eus le plaisir de mettre la main sur le skeud en question. L'album était diffusé en France par Closer (le label, disquaire du Havre) et plus tard je comprendrai mieux les accointances et l'axe Le Havre/Australie (en effet il y eut de nombreux liens avec les membres de Radio Birdman, et leur label Trafalgar, ainsi que Citadel, des collaborations multiples, des tournées...).

La première écoute de ce disque fût décisive. "Distemper" est un chef d'œuvre, de bout en bout. Il a ce côté évident des premiers albums, et instantané. Il parle de suite. Le groupe signe des titres Punk-Rock (teintés de Garage) archi-mélodiques, incontestables et irrésistibles. Sa force est là. Dès le premier morceau "No way on earth", le ton est donné. Tout est ici limpide. Dans la justesse permanente : voix, jeu de guitare, rythmique, tout y ait joué, arrangé avec précision. Je tenais là ma nouvelle coqueluche du moment... Je ne pouvais le partager, avec quiconque, si ce n'est mon pote Fred. The New Christs, ce nouveau groupe, qui faisait renaître avec délice, les plus belles heures du Punk-Rock australien. J'avais enfin l'impression de (re)vivre véritablement cette époque, et d'enfin suivre un projet, de mon temps, mais d'un autre temps. A l'heure des Stones Roses, de My Bloody Valentine, de Jesus and Mary Chain, j'écoutais les New Christs, et j'en étais heureux comme jamais. "Distemper" tournait inlassablement, en boucle, et je me nourrissais de ces titres tantôt frénétiques, tantôt plus calmes, aux faux airs de ballades. L'apothéose, c'était pour "The Burning of Rome", qui fermait la première face. Un long morceau plein de fureur et de classe, avec des solos mémorables, et un Rob Younger envouté. J'en ai passé des heures à scruter cette pochette, sous toutes les coutures, à lire les notes, à regarder ce visuel. Il avait un pouvoir sur moi, et j'avais du mal à passer à autre chose, en bon obsessionnel que je suis. Aujourd'hui encore, je le diffuse régulièrement chez moi, dans mon salon. En repensant à cette première fois. C'est d'autant plus marrant, qu'ensuite je n'ai plus jamais écouté d'autres disques du groupe (et pourtant ils ont une discographie relativement conséquente). C'était un temps sans internet. La quête de trouver un disque et d'établir des listes d'albums faisait parti du jeu. Cela pouvait prendre parfois des années (avec quelques décalages vous vous doutez). Pour les New Christs, j'avais trouvé "mon objet du désir", et j'avais décidé d'en rester là, sur cette écoute, sur ces titres. Et ça me suffisait.

Bien des années après c'est avec surprise que je découvrais que le groupe tournait encore (avec des changements de Line-up incessants), j'avais même essayé de les programmer lors d'une soirée quelconque, mais cela ne s'est jamais fait. Peur d'être déçu, peut être, peur de rompre le charme de ce "Distemper" qui agit depuis l'âge de mes 16 ans, avec la même ferveur et la même intensité.




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