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  • kocat

Un album à partager... The Devils "Dark circles"

Dernière mise à jour : 1 févr. 2021

Encore une fois, au risque de me répéter, un disque dont personne n'a parlé... Une chronique sur le site "Guts of Darkness", tardive (de 2013, 11 ans après), et pas plus... Et tant mieux... Cela fait de "Dark circles" un jardin secret, pour mon plus grand plaisir. C'est sans doute une des choses qui m'animent encore un peu.

Cet album est sorti en 2002, une paille allez-vous me dire... Oui 2002, une année dont je suis incapable de dire quoi que ce soit, au premier abord. Je venais d'obtenir un diplôme, je crois et la France avait fait piètre figure au mondial en Corée.

J'avais sorti l'album de Sink et le deuxième Lp d'Acetate Zero, dont tout le monde se fout aujourd'hui.


Je suis passé à côté de ce disque, comme beaucoup de monde. Il faut bien dire que nous n'étions pas encore aussi "connectés"... Les infos pouvaient aisément passer à la trappe, si dès lors nous n'étions pas suspendus au réseau (qui marchait mal par ici). Aucun support papier ou numérique, ne s'était fait l'écho de la sortie d'un tel projet. Et quand bien même... Je ne suis pas sur que cela ait pu faire l'objet d'un quelconque article, en ce temps-là... Qui aurait pu, en toute objectivité s'intéressait à un groupe réunissant Nick Rhodes et Stephen Duffy... Personne... Peut-être Duffy, et encore... Mais avec Nick Rhodes, membre de Duran Duran, alors là, impossible... En 2002, Duran Duran, faisait parti des références les plus ringardes qu'il soit. Ces années 2000 où l'on vomissait allégrement sur les années 80, avec aplomb et condescendance. L'objet de ces quelques lignes n'est pas seulement de réhabiliter une œuvre passée inaperçue en son époque mais plutôt et simplement parler d'un disque, qui pour ma petite personne, est sans doute l'un des plus important de son panthéon musical. Ce "Dark circles" est à priori l'une des représentations les plus fidèles, de ce que je me fais comme idée des "musiques inactuelles"...


Stephen Duffy est le premier chanteur de Duran Duran. Il rejoint le groupe fondé par John Taylor et Nick Rhodes en 1978, tous les trois sont de Birmingham et se connaissent bien. Il y chante et joue de la basse, tandis que John joue de la guitare et Nick derrière les claviers. Ils seront rejoints par la suite par Simon Colley et sa clarinette. Aucun n'enregistrement ne verra le jour de cette époque, seul le souvenir de prestations scéniques "cristalliseront" cette épopée (mais pas tout à fait). Quelques mois après Stephen Duffy et Simon Colley s'éclipseront du groupe, n'appréciant guère les orientations du projet. Ils fonderont ensemble les Subterranean Hawks, et laisseront Duran Duran à l'histoire qu'on leur connaît... Et Duffy à la sienne (The Lilac Time, Duffy, Me Me Me, Tintin, The Hawks, Dr Calculus...), et Colley on n'en sait rien.


D'après la légende, et la bio, Stephen Duffy bien des années plus tard, en 1999, retrouvera un enregistrement de chansons "live" écrites du temps de la première mouture de Duran Duran. Et quelques mois suivant cette découverte, Duffy croise la route de Nick Rhodes, lors d'un évènement de "stylisme" de Vivienne Westwood (très en lien avec Duran Duran)... Duffy parle de ces titres, et de fil en aiguille, les deux hommes décident de travailler dessus (sans Taylor, il est juste remercier sur le disque). Leur postulat à Rhodes et à Duffy, ne rien toucher, des textes, et de l'architecture sonore des morceaux, des mélodies. L'idée est de redonner vie à des titres enfouis depuis longtemps, à les revisiter, avec leur parcours, leur sensibilité du moment. Ils décident néanmoins de revoir tous ces morceaux, en utilisant uniquement des instruments analogiques de l'époque (78/79).


Si l'on connaît tous le premier album éponyme de Duran Duran sorti en 80 avec Simon Le Bon comme chanteur et qui reste un disque époustouflant, voilà à quoi aurait pu ressembler le premier album du groupe, si la formule avait fonctionné. Et l'on se dit, que l'histoire aurait été tout autre, bien sûr.


"Dark circles" sort donc en 2002 sur Tape Modern, le label de Duran Duran, uniquement en Cd, sous le nom de The Devils. Depuis des éditions pirates en vinyl ont vu le jour, se vendant des fortunes, et la version originale en Cd n'est pas donnée non plus. Ce disque, 18 ans plus tard, n'a pas pris une ride... Mais absolument aucune. Et quand on sait que les titres datent de 79, c'est assez dingue. Les deux compères, ici, se complètent à merveille et montrent toute l'étendue de leur talent respectif. Le Duran Duran primitif est né en pleine période punk, mais à l'époque le trio s'illustrait avec des titres inspirés davantage par Roxy Music et Bowie, que par la vague Do it yourself qui déferlait Outre-Manche. Leurs textes faisaient davantage l'apologie de la consommation et n'étaient en aucun cas politisés. Les Duran Duran étaient jeunes, superficiels, futiles et le revendiquaient. The Devils a donc poursuivi ce dessein, avec une résonnance encore différente, à l'heure de la conso planétaire et de son aliénation qui en résulte.


Présenté la plupart du temps, comme une parenthèse pour les deux musiciens, cet album est bien plus que ça. Ils signent, sans l'avoir peut être imaginer une musique absolument intemporelle, sans galvauder le terme. Les chansons écrites en 79 sont ici transcendées, et Rhodes (compositeur immense) et Duffy nous montrent dans de multiples registres leurs génies créatifs. Ici pas de querelle des anciens et des modernes et ils réussissent en un album, le tour de force, de mettre tout le monde d'accord. Le son y est à la fois très moderne et marqué par les années passées. Une contradiction assumée, réfléchie et revendiquée.

Sur l'ensemble du disque, la voix de Duffy est sublime, pas très éloignée de celle de Edwyn Collins, mais pas totalement. Un timbre qui lui est unique. Et sans conteste, il apporte aux compositions une profondeur et une mélancolie inouïes.

On connaît la propension aux deux hommes à composer des titres efficaces et dansants. Rhodes avec les Duran Duran, l'a montré de multiples fois, et Duffy, du temps de ses aventures éphémères avec Tin Tin. Tous les deux aiment agiter la piste. La musique électronique est depuis longtemps leur tasse de thé...


Mais "Dark circles" lorgne pourtant dans tous les sens, tantôt dansants certes, tantôt repliés sur eux mêmes, plus introvertis, les titres dévoilent un climat plus neurasthénique et sombre, qu'il n'y paraît de prime abord. Le tracklisting y est parfait, et souligne ce principe alternant. Pop, Pop électronique, Synth-Pop, New Wave, New Wave électronique, Electro, "Dark circles" est tout ça, parfois, tout le temps, et c'est ce qui en fait son ingéniosité et sa préciosité. L'album possède deux monuments de mélancolie. Le magique "Aztec Moon" et ses paroles tirées de "Mexico City Blues" de Kerouac, et "Barbarellas" sommet de nostalgie au plus haut point. La voix de Duffy sur ces deux morceaux vous plonge dans un désespoir dont vous ne voulez plus vous extirper. Ce dernier titre d'ailleurs qui conclue presque l'album est sans doute un clin d'œil au Duran Duran. En effet "Barbarellas" est le nom d'un des premiers clubs où ils avaient débuté, et le nom du personnage (interprété par Jane Fonda) du film de Roger Vadim, d'où le nom Duran Duran est tiré (le méchant dans le film). La boucle est bouclée. Certaines chroniques du disque, à l'époque, je pense à celle sur Popmatters, évoque "Dark Circles" comme le chainon manquant entre Kraftwerk et Aphex Twin. Audacieuse comparaison, qui sans être véritablement représentative, a le mérite d'essayer de situer l'œuvre et sa richesse. Même si je ne partage pas totalement ce point de vue, et ce jeu des comparaisons, je souscris sur le fait que les Devils est le réceptacle d'influences multiples, balayant 20 ans de musique. Cette association des deux musiciens (après plus de 20 ans d'éloignement), avec des univers à priori différents, des destinées, des choix divergents, donne lieu à un album anachronique, atypique et foisonnant. Les chœurs tiennent une place prépondérante sur l'album, et rajoute sans conteste une harmonie à l'ensemble des morceaux. Je ne rentrerai pas dans le détail de chacun des titres. Mais vous dire que, une fois le disque mis sur la platine, il n'en bougera pas avant un bon bout de temps, et même si vous y parvenez, il y reviendra rapidement. Goutez-y... Vous verrez. Passez de "Signal in smoke" à "Come alive", et alors vous comprendrez, le bonheur. Il n'y a pas grand chose à dire, à écrire, il y a juste à écouter, et la fermer. Et que dire de "Hawks do not share" (Duffy parle de son projet après Duran Duran ?), morceau rétro-futuriste génialissime, glaçant et angoissant...

Suite à cet album, Duffy et Rhodes sont retournés à leur occupation. Rhodes au Duran Duran, et Duffy à ses Lilac Time (entre autre). Duffy d'ailleurs je crois, dans la foulée du disque, a composé des morceaux pour Robbie Williams, qui était venu à des séances d'enregistrements et voulait des choses se rapprochant de l'esprit "Dark circles"...

L'aventure The devils s'est stoppée aussi subitement qu'elle a commencé.

"My destination is unclear"...


Stephen Duffy du temps des Duran Duran primitif...







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